Ch06 §7 Et si l'archéologie faisait de nouvelles découvertes !

Certes l'archéologie aura encore bien des découvertes à faire et l'analyse du texte aussi. Mais cette double lecture en « Histoire Sainte » et en « Histoire du Salut », dans la mesu¬re où elle va jusqu'au cœur de ce qui a inspiré à la fois les mémoires et leur relecture face aux événements, rend pos¬sible une lecture au niveau profond de la foi. Celle-ci se révèle en perpétuel effort pour répondre à ce qu'elle perçoit des prévenances divines.
Avons-nous trouvé la meilleure configuration historique à chacune des strates du texte? Qui oserait le prétendre? On peut tout juste dire que dans l'état actuel des connais¬sances, elle est vraisemblable et suffit au chrétien pour retrouver les premiers pas de l'Incarnation dans une « Histoire du Salut » qui pour lui y conduit. Bien d'autres analyses peuvent être tentées, mettant l'accent sur d'autres paramètres que celui des « seuils de la foi ».
Notre hypothèse permet, en mettant l'accent sur ce qui exprime le mouvement de la foi au-delà des événements qui la suscitent et des relectures permanentes qu'ils occa¬sionnent, de rejoindre l'essentiel : le dialogue de foi qui s'instaure progressivement entre le croyant et Dieu qui le sauve ou lui donne, en le créant, le sens de sa vie et de sa présence au monde.
Peu importe dès lors si le laboratoire de Groningen, capable aujourd'hui de révéler des datations plus fines que celles résultant des poteries ou du carbone 14, fait évoluer les données historiques dans la zone d'incertitude qui cor¬respond justement aux débuts de la Royauté dans le Sud. Cela ne changera pas grand-chose aux étapes de la foi que le récit révèle en profondeur, que ce soit dans l'« Histoire Sainte » ou « l'histoire savante ».
Le croyant juif, qui conçoit la Bible comme un surplomb donnant dans sa globalité sens au monde, ne devrait pas prêter attention aux variations occasionnées par l'archéolo¬gie dans l'attribution de telle partie du texte à telle configu¬ration historique. Et pourtant, paradoxalement, c'est du monde juif que viennent les études de datation les plus fines. L'intérêt, dans ce cas, ne vient pas de la foi mais de la politique. En effet, la référence à un royaume de David n'est pas anodine dans la répartition des terres entre Israéliens et Palestiniens aujourd'hui.
Le croyant chrétien se plaira à retrouver, dans la boule de neige qui enroule une à une les strates dans l'évolution de la royauté davidique, les pierres d'attente d'un succes¬seur qui, après la mort de Zorobabel, sera attendu comme venant du ciel jusqu'au jour où Jésus en assumera la réalisa¬tion dans l'annonce de son Royaume.
Le musulman, qui n'a d'autre instance que le Coran interprété dans la Sunna et le Hadith, prêtera peu d'atten¬tion à David connu surtout pour ses psaumes.
On le voit bien, c'est la foi qui a le dernier mot dans les recherches. Elle est, avec le politique, le paramètre heuris¬tique le plus important. Contrairement au principe selon lequel une étude biblique doit évacuer la foi au nom de l'objectivité scientifique, il faut se rendre à l'évidence que seule la lecture croyante de la Bible va au bout des poten¬tialités de son Écriture.