Seuil 04-séquence-09 Eucharistie

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« Les rites nouveaux d'une nouvelle vie... »

"O sacrum convivium" : O banquet sacré ! On y reçoit le Christ, on y fait mémoire de sa Passion;
l'âme est comblée de grâce et le gage de la gloire future nous est donné.

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sq-4-09, © Mess'AJE

De l'icône des trois anges reçus à Mambré par Abraham (on peut y voir le premier Seuil) à l'icône de la Trinité: c'est la plénitude de la communion à laquelle nous sommes appelés ; entre les deux il y a l'incarnation et la rédemption.

Il n'est pas impossible de se faire petit dans l'enfant de la crèche. Jésus est le "pain vivant descendu du ciel". La nouvelle manne reçue dans l'Eucharistie : ce pain, c'est son corps offert en sacrifice pour le pardon des péchés.

Médite, creuse, interroge
Exégèse

 

Premier Seuil : nourris au jour le jour... « Il faut avoir partagé... »

Le peuple garde dans sa mémoire ce temps où il a été nourri miraculeusement au désert par la manne et les cailles (Ex 16,4 ; 1 R 17,2-6...), et abreuvé à l’eau du rocher (Ex 17...).

Dieu lui-même nourrit son peuple, au jour le jour et de manière mystérieuse (Melchisédech : Gn 14,18-20) : Israël existe par une grâce reçue quotidiennement.

L’installation en Canaan est aussi reçue comme un don de Dieu ; les tribus apprennent à cultiver, elles offrent les premiers fruits de la terre, les prémices, en mémoire de ce temps où elles recevaient tout du Seigneur (Dt 26). (Cf. 1S Séq. Sichem).

En réaction vis-à-vis des pratiques cananéennes, elles s’abstiennent de la viande de porc et des fermentations liées à la magie, d’où le pain azyme.

Deuxième Seuil : la Torah, vraie nourriture « Il rappelait aux juifs la manne des ancêtres et la Loi de leurs pères. »

À travers les épreuves de l’Exil, Israël apprend que sa vraie nourriture, sa manne véritable c’est la Parole de Dieu (Dt 8,3). [Θie 4s/117]

En Pr 9,1-6, la Sagesse assimilée à la Parole créatrice de Dieu n’est autre que la Torah préexistante (Sg 9,1 ; Si 24,21), Torah inépuisable de richesse, toujours à interpréter de manière nouvelle !

Le 3ème Isaïe, inaugurant le courant apocalyptique, attend un banquet de viandes grasses offert par Dieu à son peuple à la fin des temps (Is 25,6) et une parole/manne prophétique, céleste ouvrant aux temps nouveaux (Is 61 à 63). Il faut jeûner, pratiquer la justice et faire pénitence que viennent la terre et les deux nouveaux.

Dans le judaïsme officiel, la Torah est la nourriture donnée à Israël jusqu’à la fin du monde. Il n’y a pas à attendre d’autres paroles prophétiques, ni d’autres signes de Dieu. (CEC 1334) [Θie 4s/118]

Dans le judaïsme, des jeûnes communautaires, liés aux temps liturgiques, sont vécus par tout le peuple et les Pharisiens jeûnent deux jours par semaine (Lc 18,12).

Courant apocalyptique : le jeûne a une importance particulière. Il est lié à l’attente d’un dévoilement, d’un salut du ciel (Is 58,1-12 ; Lc 2,36-37 : Anne dans le Temple). Jeûne et pénitence font partie de la supplication pour hâter la venue de Dieu. Les Ecritures sont lues dans le sens de cette attente (Ps 105,40; Sg 16,20-21) où les lois de la création sont retournées : d’habitude le pain monte et l’eau descend ; au désert, le pain descendait et l’eau - brume - montait. Si Dieu avait renversé les lois de la création, il pourrait encore faire du neuf ! A Pâque, lors de l’entrée dans la Terre Promise, la manne avait cessé de tomber ; la Manne eschatologique est attendue pour une Pâque.

Dans cette perspective, les Baptistes jeûnent et font pénitence pour se préparer à la fin du monde toute proche (Mt 3,4 : Baptiste au désert et Mt 9,14 : discussion sur le jeûne). De même, à Qumran, on jeûne, et les repas, véritables liturgies, célèbrent, en présence des anges, l’attente des temps nouveaux. Les thérapeutes célèbrent des repas de « nouvelle Alliance » à la Pentecôte, appelés pentacontades. [Θie 4s/118]

 

Troisième Seuil : l’Époux est là, il n’est plus temps de jeûner ! (Mt9,14) « Il était pain et vin. »

Jésus rompt les jeûnes et lors des repas, célèbre l’Alliance Nouvelle, c'est-à-dire le don d’une Torah nouvelle / manne céleste et le don d’une réconciliation nouvelle. Ce sont des "eucharisties", "actions de grâce" car partager les repas avec lui c’est se nourrir de sa présence, c’est célébrer l’Eucharistie eschatologique, comme étant réalisée avec Jésus.

Ces repas prennent parfois l’allure d’un nouvel Exode où la manne est donnée en surabondance (Sg 16). Ils célèbrent les Noces, le festin eschatologique enfin arrivé (Is 25,6- 12).

Jésus mange avec les pécheurs (Lc 15), les purifications rituelles sont devenues superflues (Mc 7). (2 R 5,42 ; Jn 6). En Mt 11,19 // Lc 7,34, il est accusé de gloutonnerie et d’ivrognerie et Jean accusé d’être possédé afin de les discréditer auprès du peuple.

Tel un nouvel Élie, il donne le vin des noces en abondance (Jn 2,1-12 : Cana). Tel un nouveau Moïse, il multiplie les pains (Mc 6 ; Jn 6) !

En Jn 6, Jésus se révèle être lui-même la nouvelle manne/Torah (Jn 6,31-58) qui, devenue chair et sang, donne accès à la vie divine, à la résurrection et à la vie éternelle dès maintenant. [FB/333 ; 461-462] [Θie 4s/119] Mais le Royaume est refusé et l’heure de Jésus devient celle de la Croix où se scellent les noces en son sang. Marie, « Femme », nouvelle Eve et figure de l’Église est là, comme elle sera là pied de la Croix.

La Cène est le dernier repas de Jésus (Mc 14,25). Il prend un autre sens : il offre sa vie en sacrifice, en pardon et désormais, la nouvelle Alliance sera scellée, célébrée en son sang, le refus ayant, à nouveau, creusé la déchirure.  [FB/462]

Travail : Jacques Bernard / RCF
14 - De la manne à l'Eucharistie,
15 - La manne avant les temps,
36 - Des repas païens à l'Eucharistie (1 Co)

 

 

Théo/Philo

 

Quelques questions autour du sacrement de l’Eucharistie : «L’amour de Dieu nous permet toujours de communier à ce grand sacrifice... »

Communier, c’est accueillir le Christ (CEC/1382) : c’est dire "Amen !" à la Parole qu’il est, à travers l’Évangile proclamé et transmis par l’Église, à la miséricorde du Père à entrer dans la vie nouvelle qu’il donne par sa victoire sur la mort à reconnaître le Christ dans les plus pauvres, ses frères (Mt 25,40 ; CEC/1397). La participation à l’Eucharistie nous conforme peu à peu au Christ (CEC/1419). C’est un contre-sens que de s’approcher de la table eucharistique lorsque l’on est en désaccord avec l’Église - ou en rupture objective avec elle et son enseignement -, lorsque l’on refuse d’accueillir l’Evangile et de se reconnaître pécheur. (CEC/1415) Le prêtre est responsable de la communion ; chaque baptisé a, lui aussi, une responsabilité de vigilance, d’information et avant tout d’évangélisation. ).[Θie 4s/126] [CEC/1384 à 1390]

Chrétiens d’une autre confession : cf. CEC/1398-1399-1400.

Non-baptisés : le minimum est de les informer et de leur demander de s’abstenir.

Les divorcés remariés civilement se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à la communion eucharistique exprimant l’union indissoluble du Christ et de l’Église. En s’abstenant de communier, ils reconnaissent et honorent la grandeur de l’Alliance entre le Christ et l’Église ; ils se tiennent au pied de la Croix et sont un appel à la conversion pour tous les membres de la communauté. Ils peuvent vivre la communion spirituelle et participer à l’Eucharistie. Le Magistère réfléchit à l’accueil de ces personnes qui ne sont pas exclues de l’Eglise. (CEC/1650-1651) Cf. Amoris laetitia 243 « Il est important de faire en sorte que les personnes divorcées engagées dans une nouvelle union sentent qu’elles font partie de l’Église, qu’elles ‘‘ne sont pas excommuniées’’ et qu’elles ne sont pas traitées comme telles, car elles sont inclues dans la communion ecclésiale. »

La communion spirituelle ou de désir consiste à vivre le désir de la communion sacramentelle en acceptant d’éprouver la souffrance de la séparation, de la distance, du manque dus au péché. Tout baptisé peut y être appelé, soit parce qu’il est en situation de péché, soit par union fraternelle avec ceux qui pour une raison ou une autre, ne peuvent communier sacramentellement... CEC/1385 à 1387 ; 1391 à 1398 Annexe 9.4 Marthe Robin : « Oraison et Communion »

Du pain et du vin pour célébrer l’eucharistie : l’harmonie sacramentelle requiert la fidélité la plus haute à l’Incarnation, aux paroles, aux gestes de Jésus et aux signes chargés de l’histoire de la foi qu’il a reçus du Père et de son peuple. Pour cela, il faut sans cesse réinvestir les termes de leur sens originel et ainsi entrer dans une Tradition vivante. ).[Θie 4s/126] [CEC/1412]

« Demander une messe » : la prière pour les défunts se pratique dans presque toutes les religions. L’Eucharistie étant la prière par excellence est intercession pour les vivants et pour les morts. En nommant une personne dans l’Eucharistie, nous demandons au Christ de la prendre dans son sacrifice et ainsi de l’établir dans la communion. C’est la communion des saints qui permet de vivre cela. Bien sûr, cela ne peut s’acheter ; le don que l’on fait est une aide à la vie des prêtres et de l’Eglise (CEC/1414).

Qui peut célébrer la messe ? (CEC/1411)

Les Assemblées Dominicales en l’Absence (ou en attente) d’un Prêtre (ADAP). Cela ne peut se vivre sans l’accord de l’évêque et sans que des personnes formées préparent et accompagnent la prière. Elles ne remplaceront jamais l’Eucharistie, indispensable à la vie de l’Eglise. Le Magistère invite à se référer aux directives de l’évêque du diocèse.

L’adoration eucharistique (CEC/1418)

Annexe 9.3 Père Voillaume, l’adoration eucharistique

Le Christ est réellement présent de multiples manières à son Église (Voir vie sacramentelle, Séq Baptême). Mais il est présent au plus haut point dans l’Eucharistie. Les Seuils de la foi permettent d’entrer dans le mystère de la présence sacramentelle :
► Lorsque Jésus célèbre les eucharisties avec ses disciples, avec les pauvres et les pécheurs, il est réellement présent !
► Lorsqu’il célèbre son dernier repas, il est réellement présent : ceci est mon corps livré, mon sang versé ; c’est sa présence même qui se donne comme signe de l’offrande de sa vie sur la Croix.
► Quand la communauté se rassemble dans sa mémoire, refait ses gestes, redit ses paroles, le Christ est là. C’est comme s’il nous disait : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang : c’est moi ! C’est tout le mystère de mon incarnation que je vous livre pour que vous en viviez. »
► La présence réelle, c’est la présence que Jésus lui-même garantit à son Eglise ; c’est aussi le lieu où le Christ manifeste que le cosmos est recréé puisque le Créateur transforme, transfigure la matière en sa Présence.

Cette présentation de la présence réelle est plus biblique et plus relationnelle que celle de saint Thomas. (CEC/1373-1374)

La transsubstantiation : le terme exprime que ce n’est pas le pain qui devient le Corps du Christ, mais son essence. Les sens ne perçoivent que du pain, mais la foi dit qu’il y a une autre réalité, plus profonde, invisible. Notre vie humaine est transformée en vie de Dieu : elle est transfigurée, assumée ; « La vie n’est pas détruite, elle est transformée » (préface des défunts). (CEC/1376) [Θie 4s/126][RTP/614]

La communion solennelle ou « profession de foi » c’est l’occasion d’une catéchèse eucharistique et ecclésiale et de renouvellement de la profession de foi baptismale.

Parle
Exégèse

 

Quatrième Seuil : le repas du Seigneur « Ce grand sacrifice qui jamais ne s’épuise... »

Le repas du Seigneur dans les premières communautés

Les apparitions ont lieu en contexte eucharistique (Lc 24 ; Jn 21). Les disciples reconnaissent Jésus à la fraction du pain, rituel propre à Jésus, portant un sens particulier.

Les apôtres font mémoire du dernier repas où Jésus scelle la nouvelle Alliance de Dieu avec son peuple en son sang et non plus dans la joie des noces (Mt 26,20-29, Luc est proche de 1 Co 11). Les communautés se montrent fidèles à la fraction du pain (Ac 2,42); elles célèbrent le repas du Seigneur chez les disciples. La maison de Pierre à Capharnaüm a pu être un de ces lieux de célébration eucharistique.

Dès le commencement, l’Église a été fidèle à l’ordre du Seigneur. De l’Église de Jérusalem il est dit : Ils se montraient assidus... (Ac 2,42-46). C’était surtout "le premier jour de la semaine", c'est-à-dire le jour du dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, que les chrétiens se réunissaient "pour rompre le pain" (Ac 20,7). [CEC/1342,1343]

Les jeûnes reprennent (Ac 2,46). En effet, le Royaume a été refusé, le Seigneur a été crucifié, c’est désormais à l’ombre de la Croix qu’il faut vivre et attendre le Royaume.

Le mémorial de ce repas assume l’histoire de la foi en Jésus

Jn 6 : Ce pain, véritable Parole de Dieu, manne descendue du ciel en Jésus, devient son corps livré, le vin devient son sang versé offrant le pardon et la communion avec Dieu.

Pouvait-il être absent de nos eucharisties ? Certes, le péché demeure et les apôtres ont fuit, quand ils ne l’ont pas renié. Mais au fond, ils l’aimaient. Il leur faudrait dès lors revivre les eucharisties qui fêtaient autrefois les noces de l’Epoux comme des invités qui ont à revêtir chaque instant de leur vie la robe nuptiale purifiée de l’Agneau mis en Croix. Pouvait-il être absent de leurs eucharisties, lui qui avait parfait le pardon qu’il donnait de la part de son Père par son propre pardon ?

Il était plus qu’avant présent à nos repas. (...) Il empruntait les mots de l’économie du salut : si Dieu n’a eu de cesse qu’il n’ait renoué, en nous montrant le Fils, les liens de l’Alliance, pourquoi ne serait-il plus présent quand le Fils a uni au pardon de son Père le sang de son offrande au pardon du refus ? Il y était présent dans l’offrande du pain et du vin, comme il était présent en offrant sa chair et son sang au Calvaire (...)

Ceci pouvait se dire simplement en répétant ce qu’avait dit Jésus : « Faites ceci en mémorial de moi. »(...)

Si l’annonce du Royaume était destiné à toute la création ainsi renouvelée, on ne voit pas pourquoi les païens ouverts à Jésus ne pouvaient pas à leur tour être baptisés dans sa mort et participer à son Eucharistie.[FB/463]

1 Co 11,17-26: le repas du Seigneur (le texte évoque la transmission d’un récit mémorial de la dernière Cène). Corinthe, port d’une ville ouverte, traversées par des courants de pensées et des mœurs relâchées. En août 56, Paul écrit à la communauté de Corinthe en difficulté :

♦ des judéo-chrétiens refusent de s’asseoir à la table avec des païens ;

♦ des pagano-chrétiens continuent à manger des viandes sacrifiées aux idoles ;

♦ d’autres sont issus de religions nouvelles : cultes de Dionysos, d’Isis, de Mithra (on était divinisé en buvant le sang du dieu taureau, en absorbant sa force...).

L’Eucharistie, le repas du Seigneur, se vit au cours d’un repas, certains y sont ivres et mangent sans en laisser aux autres (1 Co 11,17s).

Paul répond qu’ils ne savent pas discerner le Corps (1 Co 11,29), ni celui du Christ, ni celui de l’Eglise : divisions et injustices (1 Co 6), diversité et hiérarchie des charismes ne sont pas respectés (1 Co 12), pratiques incestueuses (1 Co 5) liés aux cultes païens avec des prostitutions sacrées (pornéia).

Le pain eucharistique reçu par les croyants fait d’eux un seul corps (1 Co 10,16-17). La charité vécue dans la célébration et la communauté en est le signe (1 Co 11,17-34).

Le sens de l’Eucharistie s’approfondit.

Jusqu’à maintenant la célébration de l’Eucharistie s’est perpétuée, de sorte qu’aujourd’hui nous la rencontrons partout dans l’Église, avec la même structure fondamentale. Elle demeure le centre de la vie chrétienne. [CEC/1343]

 

Théo/Philo

 

Plusieurs termes soulignent différents aspects

Eucharistie : action de grâce, le Repas du Seigneur se réfère à la Cène, la fraction du pain se réfère au geste de Jésus, le Mémorial de la Passion et de la Résurrection, le saint Sacrifice : actualisation de l’unique sacrifice, l’Assemblée eucharistique : expression visible de l’Église, la Sainte et divine liturgie : centre et sommet de toute la liturgie, la Communion : sacrement qui unit au Christ, la Messe : envoi missionnaire. (CEC/1328-1332)

L’Eucharistie dans les Seuils de la foi : «Pour connaître quelqu’un, il faut avoir cent fois partagé avec lui et le sel et le pain… »

La nourriture est indispensable à la survie et porte une symbolique profonde, vieille comme le monde. Le repas fonde ou refonde la communauté, marque son identité, scelle l’unité, donne parfois accès au divin à travers partage de sel et de pain, de coupes de boissons fermentées, mais aussi parfois d’orgies, de consommation de produits extatiques, de transes...

Les repas de communion existent dans la plupart des religions. Ils célèbrent la vie et la nourriture donnée par les dieux, ils célèbrent l’unité de la communauté et redisent son identité fondamentale comme don aussi des dieux. Ils s’inscrivent dans le cycle de la vie. Quand la communauté vit une épreuve, un repas retisse le lien sacré.

Fondement trinitaire de l’Eucharistie « C’est le retour de Dieu dans son humilité... »

(CEC/1357)

1-L’Eucharistie célèbre le don du Père (CEC/1359 à 1361).

2-Elle est le Mémorial du Christ et fait de nous des contemporains de la Croix. (CEC/1362 à 1372. CEC/1410).

3-Elle est invocation à l’Esprit Saint : deux épiclèses, une sur le pain et le vin, l’autre sur l’assemblée (CEC/1105, 1106).[Θie 4s/124,125,127]

« L’Eucharistie fait l’Église et l’Église fait l’Eucharistie »

Le Christ se rend présent aux fidèles de manière particulière à travers le ministre, l’action liturgique, les saintes Ecritures, le Pain et le Vin, la communauté rassemblée...

« L’Eucharistie source et sommet de la vie chrétienne»

[CEC/1407]

Les deux grands moments; deux « tables» de l’Eucharistie :

1-La liturgie de la Parole (lectures, homélie).

2-La liturgie eucharistique (offertoire, action de grâce consécratoire, communion).CEC/1408. Cf. 1346 et 1347 CEC/1348 à 1355.

L’histoire du sacrement de l’Eucharistie « ...Nous permet de communier à ce grand sacrifice qui jamais ne s’épuise »

CEC/1345. [Θie 4s/ Ch 5] Annexe 9.1 repères historiques

C'est ici, dans l'Eucharistie, l'inversion radicale de l'attitude mythique: alors que la magie considère le monde comme un ensemble énergétique sur lequel nous aurions pouvoir (Dieu étant le grand ensemble totalisant), le Père lui-même subvertit cette construction mythique et inverse le mouvement: « C'est moi qui me donne, qui me propose réellement à toi dans cette matière, cela en mémorial de mon Fils dont la chair recréée a porté ma présence. »
Pourquoi en rester au pain et au vin et ne pas prendre, sous d'autres cieux, du mil ou de la bière, par exemple ?
Parce que l'Eucharistie fait mémoire du nouveau Sinaï qu'est le Christ; lui qui, la veille de sa passion, pour donner son testament, le sens ultime de sa vie incarnée dans une culture méditerranéenne, a pris cette nourriture-là, cette boisson-là, mémoire de l'Exode de son peuple.
En quelque lieu que ce soit, dans une hutte, un igloo, une tente, l'action eucharistique exige du pain et du vin; non parce qu'il faudrait à tout prix passer par une économie de marché qui impose le blé et la vigne, mais parce que nous nous souvenons de celui qui, il y a vingt siècles, a pris du pain et du vin pour signifier le don de lui-même à son Père et aux hommes de tous les temps, recevant personnellement ces signes de la religion de ses pères.

Jean-Marie Beaurent, RTP/614

Contemple
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sq-4-09-dia, © Mess'AJE

 

On célébrait aussi la Cène, l'Eucharistie. Pour connaître quelqu'un, il faut avoir cent fois partagé avec lui et le sel et le pain. ...Mais c'est là bien plus que partage de pain, c'est un nouveau visage que le Christ va prendre. Un visage familier, comme un visage d'homme. Il rappelait aux Juifs la manne des ancêtres et la Loi de leurs Pères. Il était pain et vin, et la joie délirante des soirs de fête, au point qu'on en oublie parfois qui est fêté. Ce visage familier, si loin de Bethléem, c'est le retour de Dieu dans son humilité. Ce visage familier porte pourtant le monde, continue de donner et sa Parole sainte et son cœur sur la Croix. L'amour de Dieu nous permet de toujours communier à ce grand sacrifice qui jamais ne s'épuise, qui sans cesse se donne sous le soleil brûlant d'un vendredi pascal ou à l'humble banquet des croyants rassemblés. Les paroles que l'on dit au souffle de l'Esprit et le pain partagé sont les rites nouveaux d'une nouvelle vie sous le soleil résurrectif.