Seuil 03-séquence-08 Miracles

« Tous les signes étaient là. »
Les sourds n'en croyaient pas leurs oreilles et les yeux des aveugles étaient illuminés.
Le Sanhédrin critique : est-ce que ça ne vient pas de Satan ?
Jésus, par ses miracles, révèle que la création toute entière a besoin de salut.
Quand il guérit, il recrée.
Accepter que Dieu puisse intervenir dans nos vies et guérir l'humanité c'est accepter aussi qu'il puisse s'incarner.
« Un miracle n’avait rien d’extraordinaire en ce temps-là. »
1-Qu'entendre par miracle ?►
Cette notion ne prend-elle pas totalement à contre-pied la mentalité scientifique moderne ? Pourtant, il semble bien aujourd'hui encore que certains faits dérogent aux lois de la nature. Est-ce que les païens croient aux miracles ? .
2-Qu'en est-il des miracles dans le judaïsme de l'époque ?►
Dès les débuts, la foi biblique a pris ses distances avec la magie et l’a même dénoncée: Cf. Gam S1Séq. Sichem sur les vieux codes, voir 1 S 28 : Saül consulte la sorcière d’En Dor. CEC 2115, 2116, 2117. ; d’où une défiance vis-à-vis des phénomènes inexplicables. S’il est un miracle, c’est celui de l’Exode, c’est-à-dire la délivrance d’Israël et les prodiges qui l’ont accompagné (manne, eau du rocher...). Mais ils ont cessé avec l’entrée dans la Terre Promise.
Pourtant, certains rabbins faisaient des miracles, expulsaient des démons (Cf. Hanina ben Dossa ; Honi le traceur de cercles).Talmud de Babylone, Berakhot 34b
« On critiquait aussi ses miracles... »
3-Quelle est la position actuelle des scientifiques ?►
Comment, dans la mentalité scientifique moderne, et avec les moyens qu'offrent les outils exégétiques ou archéologiques, considère-t-on les phénomènes miraculeux qui jalonnent avec une telle abondance la route de Jésus ?
« Un homme arrive, à la main desséchée »
4-Si Jésus a fait tant de miracles, pourquoi n'avoir conservé le récit que de quelques-uns ?►
Pourquoi, par exemple, ce récit du miracle de l'homme à la main desséchée ? Pourquoi justement ce jour-là ? Pourquoi Jésus guérit-il le jour du shabbatLc 13, 10-14 La femme courbée; Jn 5, 1-18: le paralytique de Béthesda. même s'il existe des exceptions connues : "Lequel d’entre vous, si son fils ou son bœuf vient à tomber dans un puits, ne l’en tirera aussitôt, le jour du sabbat ?" Lc 14,5 ?
[Gam 3S / 89-91]
« Tous les signes étaient là ... »
5-Les miracles n'amènent-ils pas à admettre que le Royaume est là ?
Jésus agit comme le prophète Élie, prophète attendu pour préparer le Jour du Seigneur (Ml 3) à la fin des temps. Serait-ce la fin des temps ? Ou l’avènement d’un monde nouveau ? Il refait les prodiges de l’Exode en donnant une manne qui vient du ciel, en marchant sur les eaux ; serait- ce un nouvel Exode ? Il réalise les promesses d’Isaïe (Mt 11,3-6 ; Is 61,1-2 ; 42,6-7 ; 35,5-6) ? N’est-ce pas l’accomplissement du grand shabbat où la présence de Dieu est redonnée à tous ceux qui en étaient exclus ?
« Dieu parlerait d'amour avec nos mots à nous ? »
6-Mais de quoi finalement, les miracles sont-ils signes ?
Pourquoi cette préférence marquée pour les pauvres, les exclus, les malades ? Comment interpréter ce rappel incessant que produisent les miracles, de la condition blessée de l'humanité ?
« Ta parole les guérit. »
7-Pourquoi Jésus renvoie-t-Il toujours à son Père ?
De façon constante, il rappelle qu'il ne fait rien de lui-même, mais qu'il accomplit l'œuvre du Père. Il s'inscrit dans la tradition d'Élie, de Moïse, de l'Oint de Dieu dont il renouvelle la présence.
« Le passage est étroit et la route incertaine. »
8-Les miracles nécessitent-ils la foi ?
Comment comprendre que Jésus guérisse aussi des personnes qui ne reconnaissent pas en lui le Messie.
9-Pourquoi Jésus ne guérit-il pas tout le monde?
Tout se passe comme si les miracles renvoyaient à une réalité mystérieusement cachée, plus intime et plus secrète.
[Gam 3S / 91-94]
« Un miracle n’avait rien d’extraordinaire en ce temps-là. »
1-Qu'entendre par miracle ?
Les païens croient aux miracles, ceux-ci sont souvent liés aux pratiques magiques. Par exemple Jn 5,7 évoque un culte païen : eaux bouillonnantes à Bethesda.
Pour certains scientifiques, le monde, la vie peuvent être appelés "miracles", dans le sens où ils ne semblent pas pouvoir être le fruit du hasard et où l’homme est impuissant à tout expliquer. Par ailleurs, ils reconnaissent que certains faits dérogent aux lois de la nature ; on ne peut les reproduire.
2-Qu'en est-il des miracles dans le judaïsme de l'époque ?
Pour le courant officiel, seuls les miracles du Pentateuque sont reconnus. Il faut se méfier des miracles qui peuvent détourner de la foi et entraîner l’idolâtrie. Il s’agit donc de discerner s'ils viennent de Dieu selon les critères suivants : (Cf. Jacques Bernard Le Blasphème de Jésus, p. 360, note 43.)
- Humilité du thaumaturgeLe thaumaturge est celui dont le miracle est une guérison..
- Référence et conformité à la geste des Pères (en particulier Moïse et Elie).
- Conformité à la Torah écrite (Dt 13,2-6) et orale (cf. GAM 2S Séq. 25, Bible histoire, les textes). Il fallait surtout que le miracle soit exemplaire pour l’édification du peuple.
Tout cela est régi par décision majoritaire des Sages (Sanhédrin) qui ont pour préoccupation l’unité de la pratique (halakha) : le miracle ne doit pas la contredire. Si la pratique du prophète s’oppose au Sanhédrin, mais que le faiseur de miracle est vénéré par la foule et fait autoritéC'est-à-dire qu’il est "mourzak' reconnu comme prophète par le peuple., alors le Sanhédrin fait confiance et le laisse au jugement de Dieu (Ac 5,38-39 : « Si leur propos ou leur œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même ; mais si vraiment elle vient de Dieu, vous n’arriverez pas à les détruire. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu. ») Mais si, à cause des miracles, le peuple se divise, le Sanhédrin doit intervenir.
Pour le courant apocalyptique : on attend que Dieu se manifeste par son prophète authentifié et par des signes, dont les miracles qui authentifient la vocation du prophète. Même si les miracles peuvent aussi venir du démon, on ne peut pas refuser à Dieu la possibilité de faire du neuf. Et quand il se manifestera de nouveau par un prophète, il y aura des signes et des prodiges (Si 36,5).
« On critiquait aussi ses miracles... »3-Quelle est la position actuelle des scientifiques ?
Les historiens et les exégètes y compris athées acceptent globalement que Jésus ait été thaumaturge. Bien plus, selon nombre d’entre eux, les Évangiles n’auraient retenu que certains miracles choisis pour l’édification de la foi des communautés. Même si certains récits de miracles sont théologisés et portent la trace évidente d’une relecture postpascale, ils se réfèrent à des événements qui ont eu lieu. Il convient donc d'éviter les extrêmes : « Tout s’est passé comme c’est écrit », ou « Tout est composition de l’Église ».
« Un homme arrive, à la main desséchée »
4-Si Jésus a fait tant de miracles, pourquoi n'avoir conservé le récit que de quelques-uns ?
Les miracles sont retenus parce qu'en résonance avec l'AT (pesher) :
- En référence à Élie/Élisée/JonasDans la tradition juive, Jonas serait le fils de la veuve qu’Élie a ressuscité. Il est perçu comme lié à Élie: Jésus ressuscite un enfant II 1 R 17,17 ; apaise la tempête II Jonas ; multiplie les pains II 2 R 4,1-7.42-44 ; guérit un lépreux II 2 R 5 ; il apporte le pardon /guérison II Ml 3. (FB/316-317)
- En référence à Moïse: Jésus donne la manne II Ex 16,4 et suite// Sg 14,3; 16,20; traverse la mer II Ex 14,16 II Is 43,16.(FB317-318)
- En référence aux promesses d’Isaïe et à l’attente d’un roi qui prend soin des petits : Jésus guérit, Mt 11,3-6 et Le 7,21-22 ; cf. Is 35, Is 61, Ps 77,20 ; Ps 89,10. (FB318- 319)
- En référence aux règles de pureté rituelles : ceux que Jésus guérit n’avaient pas le droit de venir au Temple ; leur maladie, handicap les rendaient impurs. Guéris, ils ont de nouveau accès au Temple, c’est-à-dire à la présence de Dieu.
Le miracle de la main desséchée :
- Il ne s’agit pas pour Jésus de contester la Torah, mais de faire advenir le grand shabbat !
- En faisant cela, Jésus ne dit-il pas : « le Royaume est là ! et c’est plus urgent, plus important que tout » ? (cf. paraboles d’urgence)
- Et lorsque les temps seront accomplis, Dieu lui-même ne viendra-t-il pas recréer son peuple, le sauver ? Et ce sera alors le grand shabbat !
- Jésus refusera d’opérer des miracles pour prouver quoi que ce soit (Mc 8,11-12). Ce faisant, il se situe en dehors de tout arbitrage (Torah et halakha), seul moyen d’apporter du neuf : "ils demandaient de lui un signe venant du ciel, pour le mettre à l’épreuve. Gémissant en son esprit, il dit : "Qu’a cette génération à demander un signe ? En vérité, je vous le dis, il ne sera pas donné de signe à cette génération !" Mais lorsque Jésus rencontre un cœur ouvert, il répond ! (Mc 7,24-30 : la CananéenneAprès Pâques, les miracles de Jésus au profit des étrangers encourageront la mission auprès des païens.)
[Gam 3S / 89-91]
« Tous les signes étaient là ... »
5-Les miracles n'amènent-ils pas à admettre que le Royaume est là ?
Les miracles de Jésus sont signes d’une Alliance nouvelle : le salut de l’homme, le pardon des péchés, la recréation sont donnés gratuitement, indépendamment du Temple et de la Torah. Dieu est à l’œuvre en Jésus aujourd’hui et ici. Les miracles sont le signe tangible que le Royaume est là ! Non pas un vague règne spirituel, mais un Royaume incarné dans l’histoire concrète du monde. La venue du Royaume de Dieu signe la défaite du royaume de Satan. En Jésus, l’amour du Père se donne totalement. Tout ce qui fait obstacle à l’accueil de cet amour, Jésus le prend sur lui, en vrai serviteur du Royaume ; il le prendra jusqu’à la Croix afin que rien ne puisse désormais nous séparer de l’amour de Dieu ! Tel est le grand miracle irréversible que Dieu accomplit en Jésus ! (CEC 547-550)
« Dieu parlerait d'amour avec nos mots à nous ? »
6-Mais de quoi finalement, les miracles sont-ils signes ?
Les miracles de Jésus remettent les exclus en communion avec Dieu et avec la communauté croyante. Avec Jésus, c’est la miséricorde du Père qui s’approche. Elle réintègre l’homme dans la communion voulue par Dieu depuis toute éternité, communion avec le Père, les frères, la création toute entière : Adam est recréé. En libérant l’homme des forces mauvaises, Jésus annonce le règne du Père et accomplit son œuvre : la résurrection est là, le salut est là, pour toi, aujourd’hui ! Les miracles révèlent la guérison fondamentale dont l’homme a besoin et sont signe du salut total que Dieu veut pour chacun. Désormais, en Jésus, nous pouvons dire "Abba", nous reconnaître frères de manière toute nouvelle puisque nous sommes recréés dans la relation d’amour filiale. Tel est le grand « miracle » et le grand « signe » des temps nouveaux !
« Ta parole les guérit. »
7-Pourquoi Jésus renvoie-t-Il toujours à son Père ?
En Jésus, c’est le Père lui-même qui nous touche et qui se laisse toucher. Jésus ne fait rien par lui-même ni pour lui-même : les œuvres accomplies par Jésus témoignent pour lui. Elles attestent qu’il est l’Envoyé (Jn 5,36). Ces œuvres, ce sont ses miracles/signes. S’ils ne sont pas la preuve de sa divinité, ils sont essentiels pour reconnaître qui est Jésus et ce qu’il vient apporter :
- Nouvel Élie, il guérit et réconcilie en vue du Jour du Seigneur (FB/313;316-317)
- Nouveau Moïse qui, dans un nouvel exode, fait des miracles (FB/316-317)
- Messie, ointenvoyé pour guérir et relever (Is 61) (FB/318-319;323)
- Vrai pasteur : cf. Ezéchiel 34 : Dieu prendra soin lui-même du peuple. (FB/378)
Pour Jean, les miracles ne réintègrent pas seulement les exclus dans la communauté des croyants, ils attestent que le Fils agit comme le Père en matière de vie, de résurrection et de jugement (Jn 5). Il est l’Envoyé par excellence, plus grand que Moïse et plus grand qu’Élie. "Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance" La Vie, c’est la Torah, la Parole de Dieu, en tant qu’elle nourrit, désaltère, qu’elle guérit et qu’elle sauve. À travers les signes/miracles opérés par Jésus, c’est la résurrection qui est à l’œuvre : il nourrit, il guérit et redonne vie, il relève, réveille ; il suscite et re-suscite...Jésus « re-suscite » = il suscite à partir d’une cassure originelle. Tout son message consiste à dire que la victoire de l’amour n’est pas pour la fin des temps, mais qu’elle est donnée aujourd'hui, par l’accueil du Royaume. il fait sortir du tombeau ceux qui gisent dans l’ombre de la mort : "Lazare, sors !" La résurrection est donc à l’œuvre dans la vie de Jésus bien avant Pâques, bien avant qu’on ait mis à mort le Prince de la VieC’est ce que les chrétiens d’orient appellent la « petite résurrection » précédant la « grande » résurrection : celle de Jésus après Pâques..
Qui peut guérir et pardonner les péchés ? Nul autre que Dieu ! Quand Jésus dit « Tes péchés sont pardonnés» (sous-entendu : par Dieu), scribes et pharisiens sont choqués que Jésus puisse revendiquer une telle autorité. Par ses miracles et par le pardon de Dieu qu’il y associe, Jésus accomplit ce que seul Dieu peut accomplir. Ce faisant, il révèle à la fois son autorité divine et le fait que l’homme, tout homme, a besoin d’être sauvé, guéri, réconcilié avec le Père.
« Le passage est étroit et la route incertaine. »
8-Les miracles nécessitent-ils la foi ?
Ceux qui croient en Jésus reconnaissent le salut qui entre chez eux. Ils sont guéris, sauvés, réconciliés, recréés. Ils sont propulsés dans la vie nouvelle : « Va, ne pèche plus !» (Jn 8,11b). Avec lui, ils entrent déjà dans la vie éternelle, dans la résurrection. Mais Jésus a également guéri des personnes qui ne reconnaissaient pas en lui le Messie, le Fils de Dieu, tout en étant ouvertes à ce que le Ciel puisse faire quelque chose pour elles. C’est encore vrai aujourd’hui. Le Fils donne la vie à qui il veut (Jn 5,21). Telle est la libéralité et la prodigalité de Dieu. Le miracle n’est donc pas toujours la conséquence de la foi. Il vient aussi la susciter ou la fortifier. Il est porteur d’un sens à découvrir, comme pour les paraboles ; il invite à accueillir l'amour de Dieu derrière le prodige. En fait, la foi est aussi de l’ordre du miracle. Jésus s’émerveille devant le miracle de la foi qui surgit sous ses yeux : le Royaume est là ! À sa suite, l’Église ne peut imposer la foi ; elle s’émerveille de la voir naître, elle apprend à ses enfants à la reconnaître, à la dire et à la vivre. Les miracles peuvent d’ailleurs aussi provoquer la fermeture (CEC 548). Cf. GUILLET J. Jésus devant sa vie et sa mort, p. 135
9-Pourquoi Jésus ne guérit-il pas tout le monde?
Nous peinons à imaginer ce qu'était l’annonce du Royaume par Jésus ; ce ne sont pas quelques guérisons qu’il a opéréesJésus a été reconnu comme thaumaturge par les païens et par les juifs à travers le Sanhédrin (Sanh 46b). Ces derniers en ont même fait la cause essentielle de sa mort.,mais une surabondance de grâces de toutes sortes qui fleurissaient autour de lui. Les miracles rapportés l’ont été parce qu’ils faisaient sens. Mais Jésus n’a pas guéri tout le monde... En effet, les miracles sont avant tout les signes d’une recréation plus profonde et plus intime qui ne peut s’opérer que de manière cachée, comme les paraboles le rappellent. On peut donc dire en même temps, que, d’une certaine manière, tous ceux qui s’approchaient de Jésus et l’accueillaient étaient guéris et sauvés.
(Cf Les exorcismes : enseingement d'Edith Hebeau)
[Gam 3S / 91-94]
Travail : Retrouvez ces questions dans le récit
de la guérison du paralytique de Bethesda en Jean 5
Attention : difficile !
On critiquait aussi ses miracles. Pourtant un miracle n’avait rien d’extraordinaire en ce temps-là ; le tout était de savoir s’il venait de Dieu ou de Satan... Et la règle, en la matière, était simple : s’il était conforme à la Torah, c’est qu’il venait de Dieu sinon, c’était de Beelzébul. Or un jour de shabbat, Jésus prêche dans la synagogue. Un homme arrive, à la main desséchée. On surveille Jésus.
Va-t-il respecter le sabbat, ou guérir le malade ? ...respecter le shabbat, ou délivrer l’infirme ? Et Jésus ranime la main sèche. C’est de la provocation ! Une atteinte au shabbat ! Ça ne vient pas de Dieu ! Et pourtant, si c’était là les signes du Royaume ? « Les chevilles de l’aveugle ne se briseront plus », avait dit le prophète. Les routes, les chemins, et même les bourgades pouvaient en témoigner : tous les signes étaient là. L’espérance d’Isaïe...
Tu traverses ton pays, pour appeler tous tes amis.
Ta Parole les guérit, les ressuscite pour la vie.
Les affamés, tu les nourris,
Tu leur donnes un pain de vie.
Et ta main les bénit.
Le passage est étroit et la route incertaine. On est pris de vertige au moment de choisir, on ne sait pas le monde auquel il invite. C’est comme un premier cri de l’enfant nouveau-né, le premier cri de la naissance. Le monde recréé qu’espérait Isaïe a pris corps en ce temps, devient Torah nouvelle. Pourquoi ne pas imaginer qu’après un long silence pour creuser le respect, Dieu se soit de nouveau mis à parler d’amour avec nos mots à nous ? Des mots de convention, comme tous les amants savent trouver les mots sans se creuser la tête. Dieu parlerait d’amour.
Et sûr qu’en ce temps-là, les boiteux marcheraient et les sourds entendraient, la brebis brouterait à l’ombre du lion... Et Jésus annonçait que c’était arrivé : les malades guérissaient, les boiteux gambadaient, les sourds n’en croyaient pas leurs oreilles et les yeux des aveugles étaient illuminés...