Seuil 03-séquence-05 Le Royaume est là ! Béatitudes

"Il ouvrait les portes aux bienheureux du Royaume."
Le monde bascule. Le mystère indicible du Fils introduit dans une relation au Père. Jésus, nouveau Moïse proclame les Béatitudes et annonce que le Royaume est là. Jésus est l'Époux (47); l'Épouse (48-55), ce sont tous ceux qui accueillent l'annonce en pauvres; les mains s'élèvent; le monde bascule. Ce qu'espérait le courant isaïen (56-58) se réalise aujourd'hui.
« Nous, les rejetés, les pauvres... »
- Qu'entend-on à l'époque par "pauvres", "affligés", "doux", "affamés", "assoiffés de justice", "miséricordieux", "coeurs purs", "artisans de paix" ... ?
Jésus remettrait-il en cause la vision courante qui admet que le bonheur se trouve dans la pratique fidèle de la Torah et le culte digne de Dieu rendu au Temple : "Habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie."(Ps 27(26),4 ?
Son attitude vis à vis des enfants est en ce sens révélatrice. "La religion juive croyait qu'on ne pouvait lutter contre le mal régnant dans le monde qu'en pratiquant les commandements donnés par Dieu dans la Torah. Ce retour à la parole divine donnée au Sinaï pouvait seul rendre son vrai sens au monde, puisque cette Parole avait présidé à sa création. Or, il était clair que les enfants étaient trop jeunes pour accomplir les commandements. Ils étaient donc insignifiants, pour ne pas dire mauvais, jusqu'à l'âge de douze ans où ils accédaient à la pratique de la Torah. Quelle a du être la surprise des apôtres quand Jésus leur désigna un de ces enfants comme modèle pour entrer dans le Royaume !" [Jacques Bernard, Messages du Secours Catholique, Repères 12/1998]
« Ce royaume de bonheur qu'avait annoncé Isaïe »
- Quelle signification faut-il donner à l'expression "Bienheureux" ?
- Comment faut-il entendre le "Royaume" ?
Il est probable qu'il y a risque d'anachronisme et qu'on devra retrouver le sens que l'on donnait à l'époque à ces expressions : "bienheureux, béatitude, pauvre, règne, royaume ou royauté", d'autant plus que ces termes sont eux-mêmes porteurs par tradition orale, d'une signification à laquelle nous n'avons que difficilement accès.
« Jésus pressentait qu'à cause de cela on en voudrait à sa vie.»
- Comment expliquer les réactions de rejet face à cette "bonne nouvelle" ?
Cette parole du montage renvoie à la dernière béatitude : "Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïront, et quand ils vous expulseront et vous insulteront et rejetteront votre nom comme mauvais à cause du fils de l'homme." Lc 6,22
Comparé au texte de Matthieu, cette béatitude pose la question de savoir à quel moment Jésus s'est ainsi vu contesté, persécuté, et les chrétiens eux-mêmes, avant et après Pâques ?
Travail :
- ♦ Écouter J.Bernard sur RCF :
[►Préparez une fiche de synthèse (150 mots) puis intériorisez en le contenu en vue de le transmettre sans notes.]
NB. Inspirez-vous, au besoin, des "corrigés" vus lors de la session 12.
« Le Royaume est là ... Nous étions les élus du Royaume qu'il venait instaurer »
- Sauf qu'habituellement les hiérophanies sont tonitruantes. Comment reconnaître ici la manifestation divine dans ce "Royaume" de pauvres ?
Cette question est bien sûr d'une brûlante actualité. Elle répercute et développe les mises à l'épreuve de la séquence précédente, particulièrement l'épreuve de la montagne qui préfère l'adoration de Dieu seul à celle de la puissance du monde. Elle permet de discerner les esprits qui nous mènent et de faire les choix difficiles au moment où, comme toujours tant de "pauvres" frappent à la porte des puissants de ce monde.
« Joie de vie ressuscitée... Changement de tout dans le regard de Dieu ... Un martyr ne meurt pas dans le regard de Dieu »
- À quoi cette joie tient-elle ? Les "béatitudes" creusent un paradoxe apparemment insurmontable entre bonheur et souffrance.
Comment oser dire "heureux ceux qui pleurent" ! Il faudra longtemps habiter cette question qui peut prendre les formes de la révolte pour comprendre qu'elle évacue les bons sentiments tout autant que les bons principes du prêt à penser moral et parternaliste.
« Le monde basculait.»
- Les implications éthiques des béatitudes sont de l'ordre d'un véritable bouleversement. Comment oser le "prêcher", sans même parler de le mettre en oeuvre ?
La question est de savoir si c'est la conversion qui permet d'atteindre la joie ou au contraire, l'expérience d'une trop grande joie qui entraîne le bouleversement de la vie ! À ce premier 'basculement' s'en ajoute un autre : est-ce nous qui nous convertissons à Dieu ou Lui qui se convertit à nous ? Et dans cette dernière hypothèse, on comprend qu'on puisse être bouleversé et que notre conception du 'divin' puisse être remise en cause.
Travail :
- Lisez ou relisez l'article de Jean-Marie Beaurent : La foi chrétienne "fait de conversion".
- Retrouvez les échos de cette joie particulière dans le tableau "Béatitudes" de Françooise Burtz
« Nous, les rejetés, les pauvres... »
- Qu'entend-on à l'époque par "pauvres", "affligés", "doux", "affamés", "assoiffés de justice", "miséricordieux", "coeurs purs", "artisans de paix" ... ?
Pour le courant officiel, le bonheur se trouve dans la pratique de la Torah et un culte digne de Dieu au Temple. Cf. Ps 119(118),2-3 et Ps 27(26),4 : "La chose que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie."
Le courant apocalyptique attend la réalisation d’Isaïe : le bonheur apporté par Dieu lui-même via son prophète. Is 61 : "L’Esprit du Seigneur est sur moi..." et aussi Is 52,7 où le messager de la bonne nouvelle annonce le règne de Dieu. On a retrouvé à Qumran une formulation assez proche de celles de Mt 5.
Les recherches exégétiques indiquent que le terme "pauvres", dans la bouche de Jésus, vise sans doute d’abord ceux qui sont réellement pauvres : les sans-droits qui relèvent directement de la protection juridique du roi (la veuve, l’orphelin et l’immigré). Au temps de Jésus, le roi c’est Dieu. C’est lui qui fera droit aux "sans-droits", justice aux déshérités, qui prendra soin des faibles et des opprimés. Le peuple et le courant apocalyptique rêvent de ce jour (Ps 72(71) : "Il délivrera le pauvre qui appelle et le petit qui est sans aide..."). Dès la proclamation des Béatitudes, ils peuvent entendre l’annonce du Royaume de Dieu.[Gam3/55]
« Ce royaume de bonheur qu'avait annoncé Isaïe »
- Quelle signification faut-il donner à l'expression "Bienheureux" ?
- Comment faut-il entendre le "Royaume" ?
Bienheureux, "Ashre" en hébreu, recouvre l’idée de plénitude, de joie en même temps que celle de mouvement en avant. Le terme en espagnol rend bien cela : "buenaventurados".
"Pauvre” - à distinguer de "misère" incluant un avilissement - peut avoir une connotation spirituelle, évoquant l’humilité de celui qui attend de Dieu le secours (Is 57,15). "Anawim", littéralement, "courbés" désigne une attitude spirituelle et non un groupe.
"Règne" ou "Royaume" apparaît en tout 122 fois dans le Nouveau Testament, dont 99 dans les synoptiques, dont 90 dans des paroles de Jésus.
L’hébreu a deux termes : "royaume" (Malkhouf) et "royauté" (Mamlekhet : Ex 19,6). Le terme "règne" insiste sur le fait que Dieu exerce son amour créateur ; celui de "royaume" insiste sur la réalité terrestre de cette recréation. Si l'annonce de Jésus vise une incarnation concrète, il faut choisir "Royaume" plutôt que "règne".
Les Béatitudes de Jésus réalisent les promesses d’Isaïe
2ème Isaïe : 49,7-16 Éclatez en cris de joie car le Seigneur console son peuple, Il prend en pitié les affligés.;49,10 Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif...;52,7Qu’ils sont beaux sur toutes les montagnes...;55,1-3Même si vous n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez !
3ème Isaïe : 61,1-3 ; 65,13-25 Mes serviteurs mangeront et vous aurez faim.;66,2bCelui sur qui je jette les yeux, c’est le pauvre et le cœur contrit.; 25,8-9 Le Seigneur YHWH essuiera les larmes...; 66,10s Afin que vous soyez allaités et rassasiés...
Jésus se présente comme le messager de bonne nouvelle: Ps 72(71) ; 146(145), 7-9 Il rendra justice aux opprimés.
L’annonce de la seigneurie de Dieu se fonde, comme tout le message de Jésus, sur l’AT. À la synagogue de Nazareth (Lc 4,16-29), Jésus reprend Is 61 « L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres. (...) Cette parole de l’Écriture s’accomplit aujourd’hui... » Avec lui, s’accomplit la promesse du prophète ; avec lui, le Royaume de Dieu est là. Ce n’est pas sa colère qui descend sur les méchants, mais sa miséricorde qui vient recréer les pauvres qui attendent tout de Dieu.[Gam3/55]
« Jésus pressentait qu'à cause de cela on en voudrait à sa vie.»
- Comment expliquer les réactions de rejet face à cette "bonne nouvelle" ?
Cette annonce n’a pas été bien accueillie par tous (Lc 4,16-29 : Nul n’est prophète dans son pays... Mt 16,1...) C’est aussi le sens des malédictions, ou plus exactement des "malheureux" que l’on trouve en Lc 6 : Malheureux êtes-vous les riches, car vous avez votre consolation... Vous ne pouvez rien recevoir de Dieu, puisque vous êtes comblés. Ceci vise tous les biens, matériels et spirituels : ceux qui ont tout dans la Torah, dans le Temple, ne peuvent recevoir la miséricorde et le salut du Père apportés par Jésus. Mt 9,12 : Jésus n’est pas venu pour les bien-portants et les justes, mais pour les malades et les pécheurs. C’est-à-dire pour ceux qui reconnaissent fondamentalement qu’ils ont besoin de guérison, de salut, de pardon... que seul Dieu peut donner.
La dernière béatitude s’enracine sans doute avant Pâque, car très vite Jésus se sait contesté. En Lc 6, 22, « dire un nom mauvais », c’est exclure de la communauté d'Israël.
Mais déjà Moïse et Élie n’avaient-ils pas été incompris et persécutés ? Jésus et ses disciples le seront aussi. Mais cette béatitude prend forme après Pâques, lorsque les chrétiens seront persécutés et expulsés des synagogues à cause de Jésus.[Gam3/55]
Comme Moïse au Sinaï, Jésus monte sur la montagne pour enseigner. Il commence par les Béatitudes : "heureux les pauvres..." Le premier psaume de la Bible commence aussi par "heureux" ! "Heureux celui qui ne va pas au conseil des impies [...] mais se plaît dans la Loi du YHWH" (Ps 1,1). C'était la méditation et la pratique de la Torah qui donnaient le bonheur. La Torah était suivie dans le livre du Deutéronome de bénédictions pour ceux qui l'observent (Dt 27s). Dans les béatitudes de Jésus, la promesse de bonheur précède le Sermon sur la montagne. Elle s'inspire une fois encore de l'apocalypse d'Isaïe 61, 1-3 et requiert l'ouverture inconditionnelle à tout ce que Jésus, nouvel Élie, vient apporter de neuf, dut-on être rejeté comme il risquait de l'être. [Jacques Bernard, FB/344d]
Travail :
- ♦ Relisez le texte des Béatitudes chez Mt et Lc et comparez les en traitant les questions proposées :
- Combien y a-t-il de béatitudes ?
- Quelles sont les communes.
- Qu'est-ce que Luc a en plus ?
- À qui s'adressent-elles ?
- De quelle "pauvreté" s'agit-il ?
- De qui parlent-elles d'abord ? De Dieu ? Du Christ ?
- La dernière béatitude commune à Matthieu et à Luc est-elle du même style ? Reflète-t-elle la même situation ?
« Le Royaume est là ... Nous étions les élus du Royaume qu'il venait instaurer »
- Sauf qu'habituellement les hiérophanies sont tonitruantes. Comment reconnaître ici la manifestation divine dans ce "Royaume" de pauvres ?
Qu'est-ce que cette conversion ? - une nouvelle façon de voir... Ce n'est pas l'effet d'une décision; elle se joue et s'impose comme le poids d'une trop grande joie qui « nous tomberait dessus ».
Elle commence dans la joie de la prédication, la prédication de Jésus lui-même. Il proclame une Bonne Nouvelle: il annonce qu'une joie divine est à l'œuvre dans le cœur des pauvres, des miséricordieux, des artisans de paix... Les Béatitudes ne sont pas d'abord un code moral ; elles annoncent ce qui est en train de se produire : Dieu visite les pauvres. La foi commence donc par une prédication de la joie.[RTP/315]
Les béatitudes ne sont pas d’abord une éthique ou une morale. Elles sont l’annonce d’un bonheur offert gratuitement par le Père en la personne de Jésus. Elles sont l’expression de la mise en œuvre d’une mystique, laquelle résulte d’un don lié à la personne de Jésus et à la révélation du Père qu’il apporte. Ce qui est annoncé est en train de se produire : la venue du Royaume implique que ce qui était attendu pour la fin des temps est ici et maintenant dévoilé dans le temps, non comme une catastrophe, mais comme l’avènement d’une nouvelle création. Cette révélation du Royaume est pour les "petits". Il faut être en creux, en capacité d’accueillir, comme un enfant qui attend tout de ses parents, comme un indigent qui attend tout de Dieu.(Lc 10,21-24)Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre d'avoir caché cela à des sages et à des intelligents et de l'avoir révélé à des tout-petits. [Gam3/56]
« Joie de vie ressuscitée... Changement de tout dans le regard de Dieu ... Un martyr ne meurt pas dans le regard de Dieu »
- À quoi cette joie tient-elle ? Les "béatitudes" creusent un paradoxe apparemment insupportable entre bonheur et souffrance.
Est-ce d'abord notre joie à nous? Non ! c'est d'abord la joie de Dieu à venir chez les hommes et faire avec eux la paix; il passe sur sa colère et leur pardonne ! Ce n'est pas d'abord la béatitude de l'homme (comme nous le pensons parce que nous sommes centrés sur nous), c'est la Béatitude de Dieu qui visite les hommes et proclame sa joie de venir chez eux. La joie de l'homme visité s'enracine dans la joie de Dieu qui vient.
Le centre de cette visite, c'est Jésus et la certitude en son cœur de cette communion intime, de cette proximité de Dieu avec les hommes, comme d'un Père avec ses fils. L'annonce que « le Royaume est proche » est la source de la joie, une joie qui prend des tonalités différentes selon les circonstances dans lesquelles on se trouve : le pauvre se sait visité, le pécheur pardonné et invité à faire de même... Les évangélistes traduiront cela dans les situations diverses de leurs Églises; mais le noyau central de la Bonne Nouvelle, c'est la joie de Dieu. Chaque situation humaine est appelée à se convertir à cet événement.[RTP/315]
Le Royaume requiert toute la place. C’est toute notre vie qu’il veut reprendre, recréer, tel un grand amour qui demande tout et non pas seulement une place parmi d’autres. Les Béatitudes de Jésus sont un don à recevoir, une Bonne nouvelle à laisser entrer, une expérience que nul ne peut faire à notre place et qu’on ne peut se procurer à soi-même. Plus profondément, dans la grâce du Royaume, toute souffrance, tout échec, toute déception est vécu dans l’amour recréateur et prend un sens nouveau, car tout peut être offert pour que Son règne vienne ! Saint Paul dira, en citant Isaïe, que la mort a perdu son aiguillon (1 Co 15, 54-57L'aiguillon du la mort, c'est le péché, et la force du péché, c'est la Loi. Mais grâces soient à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ !). [Gam3/58-59]
« Le monde basculait.»
- Les implications éthiques des béatitudes sont de l'ordre d'un véritable bouleversement. Comment oser le "prêcher", sans même parler de le mettre en oeuvre ?
Commencer à vivre cette joie-là ne change pas seulement le regard, c'est un bouleversement qui « retourne » l'existence (metanoïa). Du fait que la joie est donnée, le sens de la vie change. La conversion n'est pas une condition pour obtenir la joie; c'est l'inverse: le bouleversement de la vie vient de cette trop grande joie.
Alors que, depuis plus de quatre siècles, le judaïsme était sans prophètes, sans miracles et que le sens de la vie consistait pour un juif soit à porter la pauvreté comme un destin, soit à entrer dans un mouvement d'agressivité contre l'idole, soit à attendre le Jour du Seigneur qui basculerait finalement le monde et ferait que les premiers soient les derniers... voici qu'éclate une joie de fin des temps, où Dieu invite les pécheurs à participer à son banquet et faire la fête avec lui !
L'origine de la conversion, c'est lui : c'est Dieu qui « se convertit » ! La conversion qu'opère Dieu par rapport à nous, le mouvement de Dieu, se prolonge en nous et y provoque un bouleversement... Resterons-nous en dehors du Festin? Avec nos vieux habits? Ou allons-nous revêtir le vêtement nuptial ? Entrer dans la joie de Dieu ?
Les premiers à entrer dans ce nouvel état d'esprit et à participer aux noces, ce sont les disciples. Ils expérimentent la joie des Béatitudes : ils étaient pauvres, irrémédiablement... En Jésus, Dieu les visite et leur donne la joie dans une pauvreté qui, désormais, ne leur paraît plus sans issue: elle devient visitée, pleine de toute la richesse de Dieu ; elle prend une autre signification : c'est une pauvreté « transfigurée ». [RTP/316]
Jésus apparaît comme le messie-prophète qui vient rouvrir le ciel (Is 61). Tel un nouvel Élie, tel un nouveau Moïse... Mais il y a bien plus... Jésus est tout à la fois le pauvre et le bienheureux : il se reçoit du Père totalement et à chaque instant. C’est cela qui transparaît dans le cœur du message et dans la manière dont Jésus apporte ce message. Mais le Royaume ne prend chair que dans la mesure où il est accueilli ; aussi Jésus prie son Père: « Que ton règne vienne ! Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! » Il supplie le Père pour que le Mauvais ne ferme pas le cœur des hommes au Royaume, il intercède pour que nous ne tombions pas... Chemin d’humilité : Loin de nous offusquer ou de nous crisper devant notre indigence, nos failles, nos manques et même notre péché, les Béatitudes sont un appel à entrer dans l’esprit des tout petits qui se savent totalement dépendants de leur Père et qui ne s’étonnent pas de leur chute... Lorsqu’ils tombent, ils regardent le Père et courent se jeter dans ses bras.[Gam3/60-61]
Coeur de pauvre, coeur de roi,
Porte ouverte à l'étranger.
Sang donné, vie partagée,
Joie de vie ressuscitée.
Pur regard et libre coeur.
Lutte ardente et fol espoir.
Mains offertes, coups reçus,
Joie de vie ressuscitée.
Et Jésus gravit la montagne: "Heureux les pauvres ! Heureux ceux qui pleurent ! Heureux ceux qui ont faim ! Le Royaume est là. " Nous étions les élus du Royaume qu'il venait instaurer... Nous, les rejetés, les pauvres, les affligés, les affamés. On n'en croyait pas ses oreilles. Ce royaume de bonheur qu'avait annoncé Isaïe se réalisait. Dieu se remettait à refaire du neuf : comme un temps de bonheur où tout est recréé dans un soir de tendresse. C'en était donc fini de toutes nos hypothèses et de tous nos paris, reflets à notre image... Le monde basculait, Dieu envoyait un guide aux chemins explorés faits de doute, de tragique, de néant, de sublime. Et il ouvrait les portes aux bienheureux du Royaume. Mais Jésus pressentait qu'à cause de cela, on en voudrait à sa vie. Alors il s'écrie : "Heureux les persécutés !" Car il savait aussi qu'un martyr ne meurt pas dans le regard de Dieu. Et ils avaient raison: Isaïe, les frères Maccabées, les Pharisiens et tous ces fous de l'espérance. Désormais il n'y aurait plus d'autre théologie que celle de la résurrection et du changement de tout dans le regard de Dieu.
Travail :
- Retrouvez dans cette prière du Psaume 113 par Rose Baco, les échos de cette séquence.