session-20-seuil-04-séquence-16 Christ nouvel Adam
Onglets principaux

« Dieu nous avait, en lui, aimés totalement. »
Percevoir le dessein de Dieu pour le monde, pour l'humanité, pour moi.
Percevoir, en contemplant la profondeur de l'amour sauveur de Jésus,
à quel point nous étions «perdus», ce que l'Église entend par «péché originel».
Réaliser à quelle liberté nous sommes rendus par le Christ et le sens que cela
a dans la vie chrétienne.
C'est toute notre histoire qui, histoire d'alliance et de re-création d'amour devient re-création accomplie en Jésus, portée par l'Église, dans une passion et une résurrection d'amour, c'est aujourd'hui, c'est pour nous.
Quatrième Seuil : le péché originel et la foi de l’Église : « Nous venons au monde comme des sans-famille»
Nous le voyons, si le terme "péché originel" n’apparaît pas dans la Bible, la question de l’origine du mal se pose dans des visions différentes de la création et du salut ; et Jésus s’inscrit clairement dans la vision apocalyptique.
Le sens de la mort de Jésus : révélation et guérison du péché originel : « Mais nous avons appris de ces quelques instants... »
Face au refus du Royaume, les disciples pouvaient attendre que Jésus remonte au ciel, comme Elie, sans connaître la mort, ou bien qu’il manifeste aux yeux de tous qu’il est bien l’Envoyé du Père (Mt 26,53). Or, il n’a pas choisi cette voie, mais le don total de lui-même au Père à travers l’humiliation de la crucifixion. Pierre d’achoppement pour les disciples ! En effet, si le Royaume était vraiment arrivé, si Jésus venait vraiment de Dieu, comment comprendre que Dieu l’ai laissé être condamné et crucifié comme un malfaiteur ? A moins que ce ne soit qu’une simple erreur de la part des chefs religieux ? (cf. Ac 3,17).
Accepter que cette mort de Jésus fasse partie du dessein de Dieu : « Ne fallait-il pas que le messie souffrit ? (Le 24,26), tel est le grand Seuil à passer ! Dieu a transformé cette mort abjecte en pardon, en résurrection !
Très tôt, une confession de foi jaillit : Jésus est « mort pour nos péchés » cf. kérygme cité par Paul (1 Co 15,3). Les disciples ont mis en relation : la mort de Jésus, le péché et l’accomplissement des Écritures. Le "pour" (uper en grec) exprime que nous sommes à la fois responsables et bénéficiaires de la mort de Jésus parce qu’elle dit un pardon absolu. Cela renvoie évidemment à la théologie sous-jacente du Serviteur souffrant : Il a été compté parmi les criminels, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les criminels (Is 53,12).
CEC :599-605 : la mort rédemptrice du Christ dans le dessein divin de salut.
613 : la mort du Christ est le sacrifice unique et définitif.
L’itinéraire de Saint Paul : « Dieu nous avait en lui aimés totalement »
Sans utiliser le terme, Paul voit le drame originel en Adam qui, dans le judaïsme apocalyptique remontait soit à Caïn, soit aux anges avant le déluge, soit au veau d’or (ou encore au péché de David). Il affirme en Rm 5 la réalité d’un péché qui remonte à Adam, c’est-à-dire aux origines et ce péché/divorce/colère concerne les juifs comme les païens.
Comment Saul de Tarse, pharisien zélé du courant officiel (Ac 22,3-11) en vient-il à confesser cela ? Muni des pleins pouvoirs pour arrêter les « adeptes de la Voie », sûr d’être dans le bon chemin, - de faire la volonté de Dieu, puisqu’il est un excellent pratiquant de la Torah - il entend enrayer cette doctrine déviante et dangereuse au nom de l’Alliance et la Torah données par Dieu à Moïse.
Sur le chemin de Damas, aveuglé par la lumière, il entend une voix : Je suis Jésus que tu persécutes (Ac 9,5). Il est alors conduit comme un enfant - non par la Torah, mais par un chrétien ! - pour recevoir le baptême : renaître à une vie nouvelle dans le Christ. C’est dire qu’il était totalement aveugle, alors même qu’il pensait appliquer la Torah. Un péché fondamental existe donc. La Torah est impropre à le discerner et à le guérir. Non seulement les adeptes de Jésus ne sont pas hérétiques, mais ils ont accueilli la vraie lumière, la Torah nouvelle qui seule peut les rétablir dans l’Alliance et qui lève le voile sur la Torah donnée à Moïse. Jésus est alors la clé des Écritures. Les yeux de Paul s'ouvrent à cette révélation d’en haut, déjà portée par une partie du peuple, aujourd'hui manifestée en Jésus : Mystère caché dans le silence des siècles éternels mais aujourd'hui manifesté (Rm 16,25-26).
Il constate aussi que des païens font le même type d’expérience : eux aussi ont accès en Jésus à la communion au Père ; c’est un véritable retournement qui lui fera dire à propos de ses privilèges juifs : Je considère tout comme balayures afin de gagner le Christ (Ph 3,8). Il réalise que juifs et païens ont tous besoin d’être sauvés (Rm 1) et que ce salut, Jésus seul peut le donner. Si Jésus seul peut guérir le péché, c’est sans doute à cause de la faute d’un seul qui a été à l’origine du drame. Jésus est le nouvel Adam.
Le péché originel chez saint Paul (Cf. Referen-Ciel : Rm 5,12-21) : « Le premier, Adam a eu la liberté » Paul pose un regard sur les origines à partir de la révélation de Jésus Christ dont il a bénéficié gratuitement, sans les œuvres de la Torah : ce n’est plus elle qui est aux fondements, mais Jésus, nouvel Adam. Paul, en contemplant le Christ, saisit la profondeur de l’amour de Dieu et, dans cette lumière, la gravité de la rupture d’Alliance originelle. Il souligne aussi la disproportion entre la grâce manifestée en Jésus et la faute « originelle ». La séparation fondamentale qui a provoqué la condamnation de Jésus et sa mort sur la Croix est abolie par son abandon filial au Père et par son offrande pour les hommes. Les récits d’apparitions expriment cette expérience de l’absolue gratuité de Dieu, de son Pardon, de la communion avec Dieu, du don de l’Esprit Saint pour tous : disciples et ennemis de Jésus, juifs et païens. [Fondements : p. 496-512 ; CEC : 615 : Jésus substitue son obéissance à notre désobéissance ; 616 : mort pour tous ]
Jésus était aux fondations. Dieu nous avait, en Lui, aimés totalement. Il était tout-puissant, il pouvait nous créer sans cette liberté qui nous permet d’aimer comme de refuser. Il aurait pu créer les forçats de l’amour, ou nous créer parfaits. Dès lors qu’il nous créait différents de lui-même, il n’était plus de perfection pour nous en dehors du retour à Lui, dans son Amour. Et c’est bien là que tout a commencé. Pour entrer en amour, il faut la liberté et le premier, Adam, a eu la liberté et le premier, Adam, a dû mal en user. Et nous tous, après lui, avons la liberté avec les habitudes et le poids du passé. Comme le sans-famille qui ne sait pas aimer, pleure en tuant son frère, repousse le baiser qui pourrait le sauver et s’enfuit loin de tout pleurant le souvenir. Et nous venons au monde comme des sans famille.
Et Jésus est venu, et nous l’avons tué. Mais nous avons appris de ces quelques instants où il était chez nous, que tout pouvait recommencer et qu’il nous suffisait de nous laisser aimer pour que la vie renaisse.