session-18-seuil-04-séquence-10 Mariage
Onglets principaux

« On célébrait le sacrement de l'amour. »
Les deux premiers seuils ont enseigné à tout recevoir jusqu'à l'amour qui nous unit. Le modèle du Mariage chrétien est trinitaire, il se reçoit tout entier du mystère du salut et non l'inverse. La paternité et la maternité sont à leur tour illuminés par le mystère du Christ et ordonnés à lui.
Premier Seuil : un Peuple appelé à l’Alliance avec Dieu
Israël prend des distances vis-à-vis des cultes de fécondité. Gn 2 indique cette prise de distance : la femme naît de l’homme et non l’homme de la femme : c’est YHWH qui donne la fécondité. La femme de Manoah (Jg 6), Anne, Sarah, Rebecca, Rachel sont stériles : on le raconte afin de magnifier le don gratuit et miraculeux de la vie donnée par Adonaï. La femme va être peu à peu perçue comme appel à l’Alliance.
Deuxième Seuil : Dieu aime son peuple comme un époux
Cette distance se précise et s’approfondit : le mariage est signe de l’Alliance. Le prophète Osée, pour la première fois, parle de Dieu en termes conjugaux : c’est YHWH qui assure la fécondité et qui est l’époux, attributs propres à Baal, tout en soulignant l’appel à la fidélité à YHWH. Osée vise le syncrétisme et les alliances politico-religieuses, que tous les prophètes dénonceront comme prostitutions. Pour les prophètes, l’exil est comme la perte du partenaire, comme un divorce (Is 50,1-3). Pourtant, Adonaï ne renie pas son amour (Is 54,7). Pour Isaïe, Dieu est à la fois Créateur de tout l’univers et Epoux Unique du peuple (Is 54,4-8). Dieu recrée l’épouse/Israël pour qu’elle devienne sa partenaire unique. Après l’exil, si le mariage continue d’exprimer quelque chose de la relation de Dieu à son peuple, les prêtres ne parlent pas de l’Alliance en termes d’"épousailles". La polygamie se vit en référence aux patriarches et selon d’autres interprétations. Pour le judaïsme officiel, l’Alliance est éternelle et perpétuelle, elle a été donnée à Moïse au Sinaï... Torah et Temple sont là pour la maintenir. Chaque année, à Pentecôte, on célèbre le renouvellement de l’Alliance. La polygamie est admise, parfois encouragée selon le contexte. Le divorce est possible et régi par des lois précises. Le judaïsme apocalyptique, lui, attend une Alliance nouvelle que Dieu seul peut donner. Jérusalem sera une épouse revêtue de splendeur par Dieu lui-même (Is 62,4-5). Les groupes et mouvements apocalyptiques ont chacun leur manière d’envisager cette rupture et cette Alliance nouvelle. Dans certains groupes, le célibat se pratique comme attente de Dieu ou comme anticipation des noces avec Dieu, d’autres vivent la monogamie, d’autres regardent le divorce comme un pis-aller car Dieu hait vos répudiations (Ml 2,13-17). C’est qu’en effet, l’Alliance est cassée, un abîme s’est creusé entre Dieu et Israël (Is 59). Les veuves sont propriétés du goël, les adultères lapidées, les prostituées exclues. Monogamie et fidélité absolue dans le mariage signifieraient que Dieu s'est donné à Israël et que le cœur du peuple est enfin ajusté à son amour. Dans l’empire romain, l’épouse citoyenne libre a un certain nombre de droits, dont celui de divorcer. Les coutumes et les lois dépendent des régions de l’empire. Par contre, dans une cité grecque comme Sparte, où la femme n’est pas sensée relever du même droit que les hommes, on continue de vivre la polygamie : les hommes choisissent les femmes et il n’y a pas de consentement mutuel. [Θie 4s/145]
Troisième Seuil : Jésus et le Mariage
Avec Jésus, l’Epoux est là (Mt 9,15 et Jn 2 : Cana), les noces sont arrivées ! Jésus apporte une apocalypse quand il donne son enseignement sur le mariage et le célibat (Mt 19) : si Moïse a permis la répudiation, c’est en raison du péché, mais le péché est remis, tout le péché, aussi le couple est appelé à être « Un » pour toujours à l’image de Dieu avec son peuple. Cela semble impossible aux apôtres. Jésus dit : Tous ne comprennent pas ce langage, il ajoute qu’on peut se faire eunuque pour le Royaume... Comprenne qui pourra ! Il n’explique pas, ne justifie pas, il invite seulement à reconnaître ce qui est donné par Dieu : le Royaume est là, l’Alliance nouvelle est là, l’homme est refait à l’image de Dieu ! Si Adam et Eve sont recréés par la tendresse de Dieu et retrouvent le statut de l’origine (Gn 1,27), alors le mariage devient monogame et indissoluble (Mt 19). De même, le renoncement aux relations sexuelles et à la procréation deviennent signes du Royaume. Tous deux sont à vivre sur terre, "comme au ciel' : c'est-à-dire dans la fidélité absolue, et comme consécration, symbole au sens fort du Royaume déjà là ! (CEC/1620) Ainsi, Mariage et Célibat dans le Royaume manifestent les noces de Dieu et de l’humanité. L’un et l’autre sont impossibles à vivre en dehors de l’union avec le Fils et de la miséricorde du Père. Ce n’est pas une question d’ordre biologique, psychologique, sociale, c’est une question d’enjeu de la création ; c’est le Royaume tel que Dieu l’a conçu depuis toujours : être en communion avec lui et les uns avec les autres. Ce royaume se joue dans la rencontre de deux personnes : cet homme unique et cette femme unique. Tant que le peuple de Dieu est dans la "chair", il est sous le régime de la Loi : on peut répudier sa femme, lapider l’adultère, vivre la polygamie ; mais lorsque le Royaume est là, c’est le régime de la miséricorde : le mariage est vécu dans la monogamie intégrale et les prostituées sont conviées au banquet. La joie de Dieu s’exprime sur deux modes différents : la rencontre de deux êtres uniques et la réconciliation du pécheur. [Θie 4s/148] La virginité pour le Royaume (CEC/1618-1619-1620) Quel que soit l’état de vie : mariage ou célibat, homme ou femme, enfant, adulte ou personne âgée, malade ou pécheur, chacun est appelé à accueillir le Royaume, c'est-à-dire la bonté inouïe du Père qui peut combler et recréer toute vie et la rendre féconde selon son Amour.
L’Époux est rejeté par toute une partie d’Israël. Condamné à une mort infamante ! Que deviennent les noces ? Jésus, loin d’y renoncer, scelle les épousailles de Dieu et de l’homme dans son sang, dans sa vie donnée en Pardon : les noces seront célébrées, non plus dans la joie du vin des noces, mais dans le sang de la Croix. (CEC/1604-1608:1614)
Le Mariage dans les Seuils de la foi : « Après une aussi longue histoire.. »
Dans les sociétés traditionnelles : La condition sexuée de l’être humain est fondamentale et le mariage est toujours lié à la fécondité et aux alliances inter-tribus. C’est une institution sacrée dans toutes les civilisations. En effet, le mariage est lié au mystère de la fécondité, et la famille, cellule de base de la société, assure la pérennité et la cohésion des générations. Dans certaines sociétés, une femme dont le mari est absent peut devoir être fécondée par un autre homme. C’est aussi une institution fragile, toujours menacée par la jalousie, la discorde, la vengeance, l’infidélité, la domination et la convoitise. Souvent la fécondité, le plaisir et les instincts de pouvoir y sont sacralisés. Comme dans les autres civilisations du Moyen Orient ancien, rester célibataire, ne pas avoir d’enfant est un malheur, c’est tabou. Bref, tous les problèmes de la vie en société, en communauté, le couple les vit de manière quotidienne et radicale. (CEC/1602)
Le mariage est donc régi par des lois strictes visant à protéger la stabilité du couple et de la communauté familiale et sociale (CEC/2380) : ■ L’adultère est condamné, le plus souvent par la peine de mort ou l’ordalie. ■ Le rapt ou le viol d’une vierge (consentante ou non) est sévèrement puni. Les rites précédant le mariage et sa consommation doivent être scrupuleusement appliqués. ■ L’inceste de même que l’homosexualité sont le plus souvent réprimés, ou très délimités et codifiés. Ils sont perçus contre nature dans le sens où la finalité des relations sexuelles est la procréation. Or la procréation est sacrée : elle est du domaine du divin. ■ Le divorce (répudiation) est, la plupart du temps, admis et légiféré. La polygamie aussi. CEC/1607 ; 1603
En Canaan...
La religion est centrée sur la fécondité. Les dieux détiennent la vie, et la femme a partie liée avec ces forces mystérieuses : elle est une terre divinement ensemencée ; l’homme est le conquérant qui ranime sa flamme guerrière auprès de l’épousée... d’où les rites de prostitutions sacrées accomplis sous l'arbre de vie qui se vivent auprès de prêtresses, ou de prostituées sacrées, rites qui vont parfois jusqu’à sacrifier le premier né pour s’assurer protection et bénédiction des dieux. [Θie 4s/145]
« Qui se prend, se méprend, se surprend, se reprend… ici on reçoit tout. » : Pourquoi maintenir ces enseignements si difficiles à recevoir et à vivre ?
Catéchisme de l’Église Catholique : l’article 7, de 1602 à 1659 permet d’aborder les diverses questions particulières autour du sacrement de mariage. Le GAM/4s signale plus particulièrement :
- Conditions pour qu’un mariage soit valide : CEC/1625-1628
- Qui confère le sacrement du Mariage ? CEC/1631, 1663 ;
- Ouverture à la fécondité : CEC/2366-2369 ; 2270-2272 ; 1654.
- L’adultère : CEC/2336; 2381
- Statut des «divorcés remariés» dans l’Église. CEC 1650-1651; 1665 ; 1621 ; 1649 ; 2383 ; 2385-2386. Cf. Port St Nicolas (1997) Cf. Amoris laetitia (2016)
- Reconnaissance de nullité : CEC/1629
- Couple chrétien mixte et sacrement : CEC/1633-1636.
- Mariage entre chrétien et non-chrétien : CEC/1637 ; cf. 1 Co 7,14 : le privilège paulinien.
- Relations sexuelles hors mariage : CEC/2390).
- L’homosexualité : CEC/2357 ; 2358 ; 2359.
- La chasteté : CEC/2337-2338 ; 2343-2345 ; Cf. 1658 : les personnes seules, sans famille...
- Confirmation et mariage : [Θie 4s/112]
« On célébrait le sacrement de l’amour… » : Pourquoi ces différences selon les confessions chrétiennes ?
- Pour les protestants, le mariage n’est pas un sacrement et le divorce est possible.
- Pour les orthodoxes, le mariage est un sacrement. Lorsque l’Eglise constate qu’il y a « échec » de l’amour dans un couple, elle permet la séparation et même un remariage avec une cérémonie pénitentielle. Ce remariage ne peut avoir lieu qu’une seule fois et est vécu sous le régime de la pénitence. Par contre, les veuves ne peuvent pas se remarier.
Un homme marié peut recevoir le sacrement de l’ordre, mais un prêtre ne peut pas se marier. L’évêque est toujours célibataire.
Quatrième Seuil : le Mariage après Pâques : « Le Christ est mort pour toi... »
Après Pâques, les communautés chrétiennes vivent monogamie, mariage indissoluble, vie consacrée dans le célibat - non sans difficultés.
1 Co 7 : Mariage et Virginité : Paul écrit à la communauté de Corinthe aux prises avec des mœurs particulièrement dissolues et dans un contexte pluri religieux (lire le chapitre 7 avec le groupe est éclairant). Dans le cas de l’union avec un conjoint d’une autre religion, le mariage est possible à condition que le non-chrétien respecte la foi de son conjoint (1 Co 7,12s) ; en effet le conjoint non-chrétien se trouve sanctifié par celui qui est chrétien. Toutefois, ils ne sont pas liés et ont le droit de se séparer (1 Co 7,15-16). C’est ce qu’on appelle le privilège paulin. Pour Paul, les personnes vierges, c’est-à-dire non mariées, ont la chance de pouvoir se consacrer totalement au Royaume. D’ailleurs Paul invite tous ceux qui reçoivent l’appel de Dieu, à rester si possible dans la situation où ils sont. L’important est de vivre selon la vie nouvelle du Christ et l’état de vie est secondaire par rapport au fait de vivre le Royaume ici et maintenant : Que ceux qui ont femme vivent comme s’ils n’en avaient pas... car elle passe la figure de ce monde ! (1 Co 7,29-31).
[FB/465-466] Le Mariage peut être regardé comme le sacrement qui manifeste le plus fortement l’union de Dieu avec l’homme. L’image des noces tant utilisée dans la Bible et dans la foi chrétienne exprime quelque chose du cœur de Dieu : la communion et une communion incarnée, qui se vit dans tous les aspects de la vie. Dans 1 Co 15, Paul explique que, tant que le peuple est dans la chair marquée par le péché, homme psychique (Gn 2-3), il est sous le régime de la Torah qui permet la répudiation et la lapidation de l’adultère. Mais lorsque le nouvel Adam est là (Jésus), l’homme spirituel (Gn 1), c’est le régime de la miséricorde : l’Adam terrestre est revêtu de l’Adam céleste. Alors le mariage est donné d’être vécu dans la monogamie intégrale ; en même temps, l’adultère est relevé pour une vie nouvelle.
Ep 5,22-33 : ce Mystère est grand...
Lettre adressée à des chrétiens issus de la diaspora juive et du paganisme. Lire le ch. 5 et ch. 6,1-4.
« Soumis » : ce terme difficilement audible dans l’Occident actuel et récent, est regardé à l’époque comme normal : femme / du mari, enfants / des parents, serviteur / du maître. Paul reprend ce terme en l’habitant de manière nouvelle à la lumière de ses racines juives : Israël a pris sur lui le joug de la Torah, il a accepté l’Alliance afin de ne pas succomber à l’asservissement des idoles ; la Torah est chemin de liberté parce qu’elle garde de toute soumission aux puissances du monde. Mais c’est maintenant le joug du Christ que le chrétien accepte librement pour ne pas retomber dans l’esclavage du péché dont la Torah n’a pu libérer. Ce joug est à vivre dans la communauté : soyez soumis les uns aux autres, parce que le frère est un autre Christ. Paul, en fidélité à l’enseignement de Jésus, voit dans le mariage l’Alliance entre le Christ et l’Église. L’amour du Christ/époux est le fondement de la soumission de l’Église/épouse.
Paul utilise le terme grec musterion qui se traduit en latin par sacrement, c'est-à-dire signe réel, visible, incarné de l’Alliance indéfectible entre le Seigneur et son peuple. Les époux deviennent sacrement l’un pour l’autre et pour l’Église. En conséquence, les enfants eux-mêmes sont sous le joug du Christ et de l’Église. Eux- mêmes sont signes de cette Alliance. [FB/468-469] Le Christ et l’Église offrent le Mariage comme sacrement, bien plus, parce qu’ils s’offrent comme sacrement des noces ; cela prend chair de manière unique dans le sacrement du Mariage. Si le Mariage n’a été érigé comme sacrement qu’au XII° siècle, il était vécu comme tel par les chrétiens dès le début. [CEC/1602]
Signe des noces du Christ avec son Église, des noces de Dieu avec l’humanité : «L'amour qui nous unit... »
Le mariage, la famille sont un don de Dieu. Quand Dieu se manifeste dans le Christ, il fait de nos rencontres humaines un banquet définitif et un lieu de miséricorde infini. L’Alliance entre le mariage chrétien et le ministère apostolique signifie l’Église et la fait exister comme telle : l’Epouse du Christ, son Corps. Jusqu’où vont les épousailles de Dieu et de l’humanité ? Jusqu’au don total ! [Θie 4s/154]
Dénigrer le mariage, c’est amoindrir du même coup la gloire de virginité ; en faire l’éloge, c’est rehausser l’admiration qui est due à la virginité. St Jean Chrysostome
« Qui se prend, se méprend, se surprend, se reprend… ici on reçoit tout. » : Pourquoi maintenir ces enseignements si difficiles à recevoir et à vivre ?
Ce décalage lui-même dit la grandeur de notre vocation. Il dit aussi que nous ne sommes pas Dieu : appel à se reconnaître créature, dépendante du Créateur, pauvre, pécheur qui peut se tourner humblement vers le Sauveur, crier vers lui. Jésus vient justement pour sauver le pécheur, guérir le malade et non pour les justes et les bien-portants. En reconnaissant cela, nous entrons (enfin) dans le chemin de conversion que Jésus propose. Celui qui fait la vérité, vient à la lumière... (Jn 3,21) [Gam 4s/126]
« On célébrait le sacrement de l’amour… » : Pourquoi ces différences selon les confessions chrétiennes ?
Etre d’une tradition, c’est faire partie d’une famille dont les racines sont profondes et à respecter : impossible de prendre certains éléments d’autres traditions qui arrangent et laisser celles qui dérangent. La dimension sacramentelle du mariage renvoie de manière explicite et réelle à la venue de Dieu dans la réalité du couple : le Christ est réellement présent dans le sacrement du mariage. Ce que vit l'orthodoxie, avec la cérémonie pénitentielle, exprime la reconnaissance du péché et la miséricorde. Ce que vit l’Eglise catholique exprime la réalité de l’engagement de Dieu dans l’alliance humaine. [Gam 4s/128]
Un couple qui célèbre son mariage est un cadeau pour l’Église. Grâce à ce couple, Dieu redit qu'il s'est engagé définitivement pour l'Eglise; en contemplant les mariés, elle reçoit à nouveau sa vocation. Pour les Pères, le Mariage des baptisés est une synaxe en miniature (synaxis : rassemblement) ou une ecdésiole (petite Église). L'Église y voit son propre mystère; le couple est une prophétie en acte.
Par conséquent, le mariage chrétien n'est pas centré sur lui-même ; il a un aspect éminemment missionnaire ; sa vocation est de faire de l'Église un Mariage. Comme l'apôtre est envoyé à l'Église, les mariés lui sont envoyés pour lui dire: « Sois Église ! » Le couple, comme le sacerdoce, porte ce témoignage « en des vases d'argile » (2 Co 4,7); mais, dans la faiblesse même de ce témoignage, la force de Dieu transparaît.
La célébration est le moment où le couple - ce couple - reçoit de l'Église sa vocation, le signe qui le propulse à la face de l'Église; c'est aussi le moment où il lui demande miséricorde, sollicite sa prière afin qu'il puisse signifier dans la réalité quotidienne ce qu'il est devenu aux yeux de Dieu. La célébration n'est pas seulement « cérémonie » ou « bénédiction » ; c'est à la fois un acte prophétique, un envoi en mission et une demande de prière.
Le mystère du couple est l’expression même du mystère de Dieu qui s’est uni à nous de façon libre et véritable. Le mystère de l'Église ne commence pas à la Pentecôte, mais à la création, dans le mystère même de la sainte Trinité. Elle est dans le cœur de Dieu «dès avant la création du monde», car le Père nous a élus dans le Christ «pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour» (Ep 1,4). Ensuite, le peuple d'Israël, c'est déjà l'Église ; la Vierge Marie, les disciples, c'est l'Église, langage dans lequel le Verbe va pouvoir se dire... Librement, de façon souveraine, Dieu se lie à une humanité dont il veut dépendre, le Verbe prend chair (cf. Jn 1,14).
Dieu veut avoir besoin de notre présence pour pouvoir se rendre présent à nous; il a besoin d'une communauté qui l'accueille et lui donne un langage. Dieu s'incarne en vérité; il ne s'impose pas - sinon ce n'est pas le Dieu trinitaire.
Quand deux chrétiens - homme et femme - s'unissent, leur couple est porteur de cette élection qui préexiste à la création du monde, de ce lien, de ce mystère où Dieu se donne à son Église de façon absolue, où il l'élève à lui pour faire d'elle sa partenaire unique. Le couple chrétien est porteur de ce mystère: «Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas», dit Jésus (Mt 19,6); ce couple s'engage donc à vivre une monogamie absolue, une fidélité inconditionnelle. Il est également porteur d'un mystère de miséricorde, au-delà de toutes les infidélités et de toutes les impasses; chargé d'une énergie de pardon des péchés, de Résurrection de toutes les morts.
Tout cela se joue dans la complémentarité biologique et psychologique de l'homme et de la femme, car c'est à partir de ce que nous sommes que nous répondons à Celui qui nous appelle et accomplissons notre « vocation ».[RTP/655]
On célébrait les sacrements de l'amour. Là aussi, comme ailleurs, après une aussi longue histoire, il faut toute l'audace de la foi pour dire à notre monde qui se prend, se méprend, se surprend, se reprend, qu'ici on reçoit tout, que tout nous est donné, jusqu'au plus important : l'amour qui nous unit... Car si tu t'appelles 'femme', le Christ est mort pour toi. Car si je t'appelle 'femme', c'est que je te découvre et que je te reçois comme venant de Dieu qui transforme tes mots pour en faire des poèmes, si tu veux bien aimer. Car si tu t'appelles 'homme', le Christ est mort pour toi. Car si je t'appelle 'homme', c'est que je te découvre et que je te reçois comme venant de Dieu, qui transforme tes mots pour en faire des poèmes, si tu veux bien aimer. Et toi, tu seras mère, église dans l'Église. Et toi, tu seras père, pour sacrifier ta vie.