session-12-séquence-3-06 Paraboles

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"... devenaient les icônes du mystère de Dieu."

sq-3-06 Paraboles
sq-3-06 Paraboles, © Mess'AJE

Cette séquence "Paraboles" renvoie au haut du tableau "1 Co 15" de Françoise Burtz : les animaux terrestres deviennent célestes,  transfigurés;
les choses de la terre nous parlent du ciel. Le brûlé nous interroge : "Peut-on approcher Dieu sans se brûler ?" Non ... C'est Dieu lui-même
qui descend. Le Père se donne à connaître par son Fils.

La séquence par du visage du Père (séq. précédente) et retourne au Père, mais elle passe par le Fils. Évocation de petites histoires qui entraînent dans le mystère de Dieu et transforment ceux qui écoutent, invitent à se laisser transformer. Les paraboles parlent d'un royaume déconcertant, tout comme la peinture... Pourtant, tout parle de relation, de transfiguration, de retrouvailles avec le Père. L'essentiel du mystère du Royaume demeure caché.
 

Médite, creuse, interroge
Exégèse

 

« Les images...»

  1. Qu'est-ce qu'une parabole ?

Les évangélistes n'ont pas inventé le genre et il n'est pas réservé au monde religieux. "les paraboles étaient connues dans le monde grec d'Ésope (VIème s. av. JC). Elles seront vulgarisées en France par les fables de La Fontaine.

  1. Qu'est-ce qu'une parabole juive ?

En quoi le judaïsme qui emprunte le genre aux autres cultures, le marque-t-il de sa spécificité ?  Par ailleurs le judaïsme distingue la parabole Halakhique de la parabole Aggadique. Que faut-il entendre par là ?

  1. Qu'est-ce qu'une parabole évangélique ?

Les paraboles abondent dans les évangiles : comment les situer par rapport aux pratiques culturelles et juives ?

« ...devenaient les images du mystère de Dieu. »

  1. Pourquoi les paraboles ?

Les paraboles de Jésus sont "tellement déconcertantes qu'elles devaient faire rire ou rendre cois ! Tellement choquantes parfois que les évangélistes eux-mêmes les ont moralisées... "[Gam3/70] Le paradoxe s'amplifie donc : si au lieu d'expliquer et d'éclairer les paraboles de Jésus déconcertent au contraire davantage, on peut légitimement, comme les Apôtres eux-mêmes, se poser la question de leur utilité !

  1. Pourquoi celles de cette séquence ?

Cette séquence ne présente qu'une partie des paraboles, pourquoi ce choix ? D'autres paraboles seront reprises dans la prochaine séquence.

   Travail :

24 Introduction sur la parabole
25 Les paraboles 2
26 Les paraboles 3
  • [►Écouter les trois émissions et préparer une fiche de synthèse (150 mots) puis en intérioriser le contenu en vue de le transmettre sans notes.]

 

Théo/Philo

 

« Tout y est transformé. »

  1. Pourquoi cet accent sur l'amour du Père ?

Au lieu de nous dire ce que nous avons à faire, les paraboles montrent, de manière récurrente, l'amour du Père à l'oeuvre. De là, les réactions diverses et tranchées qu'elles produisent : "Elles peuvent être pierre d'achoppement: on ne comprend pas ! C'est trop fort ou trop simple ! ou pas juste ! Elles peuvent aussi provoquer un ravissement qui transporte dans le Royaume, non pas demain, mais dès maintenant. Résister, c'est se priver de la joie du Royaume." [Gam3/71]

« La famille est en fête »

  1. Et pourquoi cet autre accent sur les festins de noces ?

Les paraboles répercutent l'accent mis par de nombreux textes évangéliques : Mt 8,11 : Les compagnons de l’Époux peuvent-ils jeûner ? Lc 14,15 : Heureux celui qui prendra son repas dans le festin du royaume ! Jn 2 : Les noces de Cana ; Jn 3,29 : qui a l’épouse est l’Époux... ; Ap 19,7-9 : Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau !  Quelle interprétation faut-il donner de cette insistance quand on connaît la pratique du judaïsme de l'époque qui, "à la fête de Pentecôte (Shavouot), célèbre, par des repas (pentacontadesRepas lors de la fête de Pentecôte (Shavouot), on y boit du vin. Ils célèbrent le renouvellement de l’Alliance ou bien la nouvelle Alliance. (Cf. FB/291&333)), le renouvellement de l’Alliance, c’est-à-dire les noces de Dieu avec son peuple ?"[Gam3/71]

«...icônes du mystère de Dieu »

  1. Pourquoi, dans les paraboles de Jésus, ces références aux humbles réalités de la vie ordinaire au lieu des références à l'Écriture ?

Tout se passe comme si Jésus disposait de l'autorité voulue pour dévoiler, au coeur du monde l'actualité de la présence divine. Des images ordinaires on passerait aux icônes.

 

Travail :

  • Choisissez deux des questions ci-dessus et préparez un condensé de 200 mots à partir des éléments de réponse fournis par la fiche.

 

Parle
Exégèse

 

« Les images...»

  1. Qu'est-ce qu'une parabole ?

C'est la fable qui sert souvent de référence pour une approche profane de la parabole. Or, déjà au VIème s. avant notre ère, la complexité du procédé apparaît, par exemple dans cette explication de Marc Soriano dans l'Encyclopédia Universalis : "Au-delà des anecdotes se précise la caractéristique essentielle du genre : le mentir-vrai. Là où la société emprisonne ou tue ceux qui disent la vérité, l'artiste est acculé à la « feinte », au « dire sans dire ». Et quelle meilleure ruse que de faire parler les animaux ? Les puissants du jour sont réduits à l'impuissance, car se fâcher reviendrait à avouer qu'ils se sont reconnus."..

  1. Qu'est-ce qu'une parabole juive ?

Le judaïsme distingue deux emplois de la parabole ou "mashal" : Une parabole halakhique facilitera la mise en application de la morale proposée par le commentateur en écho au consensus des Sages; Une parabole aggadique, en mettant en relief un trait qui déconcerte, ouvrira sur le mystère contenu dans la parole d'Écriture et la proposera en image à la méditation. [FB/335][Cf. Referen-ciel : midrash,pesher]

  1. Qu'est-ce qu'une parabole évangélique ?

Alors que dans le judaïsme la parabole déploie le mystère inclus dans un passage d'Écriture, les paraboles de Jésus illustrent ce que Jésus, et non plus l'Écriture, dit du Royaume, comme s'il était dans le secret divin de Celui qui l'instaure. Il parle du Royaume de Dieu comme si la connaissance qu'il en avait le dispensait d'aller en chercher le sens dans l'Écriture. Cela met Jésus à l'origine et au cœur même de ce qu'il annonce comme « Royaume des cieux ».[FB/343] Cf. Referen-ciel: paraboles

« ...devenaient les images du mystère de Dieu. »

  1. Pourquoi les paraboles ?

En conclusion de l'étude qu'il fait de la fameuse réponse de Jésus à la question des disciples, en Mc 4,11-12, Jacques Bernard écrit : Les trois sentences (explications) s'éclairent mutuellement:
 - Les disciples ont la foi en une nouvelle révélation du ciel. Il leur est donné de connaître le mystère du Royaume.
- La parabole dit le mystère à la fois comme une invitation à ne pas « retourner en arrière » mais à accepter la nouveauté du dévoilement opéré par Jésus. Mais, chez Marc, elle explique aussi ce dévoilement comme une démarche de conversion incluant le pardon des péchés.
- Celui qui a la foi en l'ouverture du ciel reçoit la Torah dévoilée. Celui qui n'a pas cette ouverture se verra enlever même ce qu'il pensait détenir dans la Torah des Sages.

  1. Pourquoi les paraboles de cette séquence ?

Elles concernent trois premiers thèmes : Urgence et radicalité : Mt 13,44-46 : le trésor découvert par hasard et la perle recherchée avec assiduité ; Le 12,54-59 : le temps est tout proche ; Lc 16,1-8a vise le royaume, 8b-13 : morale - l’intendant infidèle ; Mt 25,1-13 : l’attente de l’Époux par les vierges folles et sages. Lc 12,35-40 : le retour inattendu du maître ; 11,5-8 : l’ami importun ; 14,28-33 : renoncer à tous ses biens. Miséricorde : Lc 15 : la brebis perdue et retrouvée, la drachme perdue et retrouvée, l’enfant perdu et retrouvé ; Mt 20,1-16 : le salaire des ouvriers de la dernière heure ; Lc 18,9-14 : le pharisien et le publicain ; Mt 18,23-35: la dette pharaonique et le débiteur impitoyable. Mt 13,24-32.36-43 : laisser croître l’ivraie avec le bon grain. Démesure et contraste : Mt 13,31-33 : grain de sénevé et levain dans la pâte. Cette démesure est également présente dans plusieurs paraboles citées plus haut (trésor et perle, enfant prodigue, ouvriers de la dernière heure, etc.).[Gam3/69]

Théo/Philo

 

« Tout y est transformé. »

  1. Pourquoi cet accent sur l'amour du Père ?

Les paraboles disent la démesure de l’amour de Dieu,La vision que Jésus a du Royaume, à la lumière de sa relation intime avec le Père, le conduit à présenter le Règne de Dieu comme une réalité présente et cachée au cœur même des choses de la vie.(...) L’angoisse et la détresse de la femme qui a perdu une pièce de monnaie sont pour Jésus symbole d’une autre détresse et d’une autre angoisse, celles-là infinies : la détresse et l’angoisse même de Dieu en quête de l’homme perdu... Et dans la joie de la femme retrouvant son argent, c’est la joie débordante de Dieu... La joie divine d’avoir retrouvé l’homme égaré. Si les paraboles ont la fraîcheur des sources, c’est parce qu’elles ne sont pas un simple discours sur Dieu ; en elles s’expriment une proximité, une présence immédiate de Dieu.(Éloi Leclerc,p.95-99) la toute-puissance de sa miséricorde créatrice et recréatrice. Celle-ci déborde toute justice. L’enseignement en paraboles vient du Père et conduit au Père comme l’illustre le déroulé de la séquence ; en même temps, elles font sentir que l’essentiel du Royaume est voilé à nos yeux. Les paraboles de Jésus nous parlent d’abord de Dieu, de son Royaume à l’œuvre et non de nous ou de ce que nous devons faire. [Gam3/71]

« La famille est en fête »

  1. Et pourquoi cet autre accent sur les festins de noces ?

dans le courant apocalyptique, certains attendent les noces eschatologiques et s’y préparent par des jeûnes et l’abstinence de vin. Dieu, l’Epoux d’Israël, viendra célébrer la Nouvelle Alliance avec son peuple par un grand festin ; peut-être même que ce sera avec l’humanité toute entière : (Cf. le festin messianique : Is 25,6-12) (Cf. Fondements). Pour les adeptes de Qumrân, ces temps sont arrivés ; ils célèbrent des repas en présence des anges et de Dieu. Certaines confréries de Pharisiens célèbrent, eux aussi, l’Alliance par des repas (Cf. Fondements).

Jésus est accusé par les pharisiens d’être un "glouton et un ivrogne" (Le 7,31-35). En effet, les pharisiens jeûnaient deux jours par semaine (mardi et jeudi) et, en bons catéchistes, ils devaient entraîner beaucoup de monde dans cette pratique. Les disciples de Jean Baptiste, eux, jeûnent encore davantage ; c’est une vie de pénitence en vue de la conversion et du jugement ! Jésus lui-même a jeûné avant de commencer son ministère. Mais quand il annonce le Royaume : finis les jeûnes ! Finis les baptêmes ! Les Noces sont là (Mt 9,14-15) car l’Époux est là ! (Mt 8,11) et il ne peut être question de faire pénitence ! Ces repas de Jésus, avec ses disciples, mais aussi avec les pécheurs célèbrent la Nouvelle Alliance que Dieu vient sceller avec son peuple. Ce sont les pentacontades, repas avec du vin. [Gam3/71]

«...icônes du mystère de Dieu »

  1. Pourquoi, dans les paraboles de Jésus, ces références aux humbles réalités de la vie ordinaire au lieu des références à l'Écriture ?

En parlant en paraboles sans faire référence à l’Écriture, Jésus apparaît comme étant en contact immédiat avec les mystères du Royaume, ces mystères cachés depuis la fondation du monde (Mt 13) puisqu’il les révèle. Il est la parole même de Dieu de qui jaillissent tel un feu d’artifice, toutes ces paraboles. Le message des paraboles dévoile le propre mystère de Jésus : n’est-il pas l'Époux de la nouvelle Alliance ? L’époux d’Israël dans la Tradition, c’est Dieu lui-même ! Il est la Parole nouvelle et éternelle qui vient, tel un grain de sénevé jeté en terre, prendre chair dans la vie des hommes. Il est encore le berger (la plus ancienne image biblique de Dieu : Ps 23 (22)... qui - laissant tout - se réjouit de retrouver sa brebis perdue (Lc 15).[Gam3/72]

Contemple
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sq-3-06-dia Paraboles, © Françoise Burtz

Le Royaume est en fête, tout y est transformé. Le grain de sénevé devient arbre géant, la pincée de levain souffle une pâte immense, le prodigue est vêtu de la robe de fête... L'ivraie et le bon grain, ou le tri de la pêche, le trésor enfoui dans un champ, ou une perle fine qui nous font tout quitter, une pièce d'argent perdue, une brebis égarée, des vierges qui s'apprêtent, un maître qui revient, une vigne à cultiver, un ami importun, un intendant rusé, et même un publicain, devenaient les images du mystère de Dieu, devenaient les icônes du mystère de Dieu.

   Travail :

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