Entrée esthétique

L’entrée esthétique lieu de l’expérience

Elle permet de recueillir ce que l’Esprit Saint dit aux Églises » ; c’est à chaque fois nouveau.

L’art pictural : « Le beau c’est l’Esprit Saint, mais on ne le laisse plus s’exprimer » disait Marthe Robin à Françoise Burtz. Le laisser s’exprimer c’est aussi passer de l’image miroir de mes projections, interpellée par l’écoute de la lecture d’image de mon voisin, accueillir dans le silence résultant de la tension entre les deux, l’image inspirée par l’Esprit Saint.

La poésie : « L’art naît de contraintes et meurt de liberté » disait André Malraux. L’art du rythme des mots (par ex. 12 pieds) habille de liturgie le langage sur Dieu. Le poète sait alors que l’inspiration le dépasse, mais qu’il pourra être rejoint par ceux qui se laissent inspirer. Si l’on ne retient de l’exégète que sa science et qu’on passe à côté de sa poésie c’est que lui et son lecteur sont passés à côté de l’expérience de l’inspiration.

La musique : « La musique est entre les notes » disait Mozart. Le silence avant le concert se retrouvera dans le silence après le concert. Jean-Louis Florentz me disait qu’à la qualité du silence après le concert, il savait si le désir du public en venant au concert l’avait rejoint dans sa musique. Comme dans la Bible il y a là chassé-croisé. 

La photo : Le cadrage doit laisser deviner le reste de l’image sans la dire, comme la « troisième image » qui ouvre, entre les deux images, une porte de silence vers le ciel qui permet de passer de l’image/miroir qui me fascine, à l’image/miroir de mon voisin dans une communion qui m’oblige à me quitter pour me tourner vers Dieu.

Ces pôles constituent l’entrée esthétique de nos pédagogies catéchétiques. Chacun d’eux tente de laisser entre les mots toute la place au silence qui permet la rencontre avec Dieu, l’expérience de foi. Il est de même important que chaque étincelle de parole glanée soit ensuite rassemblée en faisceau et dirigée vers le fanal pour entrer dans le dynamisme qui oriente toute l’équipe des rameurs vers la lumière qui appelle le bateau.

J. Bernard, extrait du Bulletin Hors-série de Mess’AJE.