Document-Exégèse : Les deux grands courants théologiques juifs à l'époque de Jésus

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Théologie du courant apocalyptique

♦ Dieu a créé le monde et l’homme à partir de rien par amour (Cf. 2 M 7).

♦ Création du monde et de l’homme bonne, car transfigurée par cet amour (Gn 1).

♦ Mais l’homme est tombé dans les mains du Mauvais. Il y a un divorce, un péché originel, ou mémorial, c'est-à-dire qui dépasse le péché personnel de l’homme et même le péché des hommes en général (Si 15,14, hébreu, voir note BJ).

♦ Les anges ont un rôle déterminant. Certains d'entre eux sont les premiers à avoir refusé Dieu. Ainsi, l’homme est en quelque sorte précédé dans le péché (cf. Gn 6 : péché des anges).

♦ La mort vient du péché : à l’origine, il n’y a pas la mort, Dieu n’a pas créé la mort, ni l’homme pour la mort (Sg 3,24). La mort humaine est le passage d’une vie à l’autre puisque l’homme, en réalité, ne meurt pas : le mal finitude est comblé par l’amour créateur de Dieu qui lie les créatures au créateur.

♦ Devant le péché, Dieu a retiré sa Présence (Shékhinah). La Torah est désormais cachée, scellée dans le ciel. On attend une révélation nouvelle et un Temple céleste. Torah et Temple terrestres sont impuissants à guérir ce divorce. D’où nécessité d’un nouveau dévoilement du pardon et de la Torah et d’un rédempteur personnel (Maître de Justice : Messie prophète, Messie prêtre, Messie davidique-roi).

♦ Le salut ne peut venir que de l’ouverture du ciel et nécessite la foi. Les œuvres, la pratique de la Torah ne suffisent pas. Cf. théologie présente en Galates par exemple.

♦ L’Esprit Saint parle à travers le prophète (réouverture du ciel). Ne pas l’accueillir est un blasphème contre l’Esprit.

♦ La prophétie individuelle est donc valorisée. Elle est authentifiée par des miracles.

♦ La foi en la résurrection est présente (sujet à polémique, 21 manières d’envisager la vie après la mort cf. Le 20,27-38)

Jean Baptiste et Jésus se situent dans ce courant. La foi de l’Eglise y a ses racines. Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 385 à 421.

 

Théologie du courant officiel (normatif)

♦ Dieu a créé le monde et l’homme à partir du chaos, Tohu Bohu. Cf. trad. TOB.

♦ Création du monde bonne (Gn 1), mais l’homme est créé avec le bien et le mal (Si 15,14 grec, voir note BJ).

♦ Dieu a donné la Torah à Israël pour s’orienter vers le bien et le Temple pour le pardon des péchés.

♦ II n’y a pas de péché, de divorce originel, ou mémorial. Rien ne peut priver Israël de la Shékhinah, aucun péché.

♦ Les sadducéens ne croient pas aux anges. Les Pharisiens y croient. Mais leur rôle est minimisé en regard de l’apocalyptique.

♦ Tout peut se résoudre par la Torah et le Temple. La Torah est interprétée à l’infini par la tradition orale des rabbins et le Sanhédrin décide à la majorité ce que le peuple doit faire pour aujourd’hui. Les sacrifices au Temple et Kippour permettent le pardon de tous les péchés.

♦ Le salut vient de la pratique de la Torah. Les patriarches l’ont pratiquée avant le Sinaï.

♦ La prophétie a cessé depuis Aggée, Zacharie et Malachie à l’époque d’Esdras (-400 av. JC). Les prophètes sont secondaires, surtout Isaïe.

♦ Le messie attendu, c’est Israël ajusté à son Dieu par la pratique de la Torah et lorsque les nations le rejoindront dans son adoration.

♦ L’Esprit Saint repose sur Israël ; il est authentifié par le Sanhédrin. Il est témoin de l’élection aux yeux de toutes les nations.

♦ Les miracles, s’il y en a, ne peuvent pas mettre en cause la halakha (pratique), ni rien apporter de neuf qui puisse infirmer la plénitude et l’immutabilité de la Torah.

♦ Pour les sadducéens, attachés au Pentateuque, la résurrection n’est pas de foi. Les Pharisiens y croient, comme ils croient à la création à partir de rien. Dieu ressuscite ceux qui sont fidèles à la Torah.

Ce courant majoritaire à l’époque de Jésus est celui que l’on trouve actuellement, avec beaucoup de diversités. Les différences théologiques sont relatives (interprétation parmi d’autres). Ce qui compte c’est la pratique.