Document-Exégèse : Dieu mis à l'épreuve : AT // NT

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Dieu mis à l'épreuve : AT // NT

 

Exode
Récit des merveilles accomplies par Dieu pour son peuple-fils
Deutéronome
Méditations et enseignements à partir de l'Exode
Évangile
Lc 4
 
16,2 Dans le désert, toute la communauté des Fils d'Israël murmura contre Moïse et Aaron :
Vous nous avez fait sortir dans un désert

pour laisser mourir de faim toute cette assemblée ! ...
8,2 "Souviens-toi du chemin par lequel t'a mené le Seigneur ton Dieu

dans le désert

pour t'humilier et t'éprouver et connaître le fond de ton coeur ...

Jésus fut conduit
par l'Esprit

dans le désert

durant 40 jours
où il fut tenté par le diable.
 
16,15 Les Fils d'Israël regardèrent et se dirent l'un à l'autre :
"Man hou ?"
Qu'est-ce que c'est ?


Moïse leur dit : C'est le pain que le Seigneur vous donne à manger.
8,3 Il t'a mis dans la pauvreté
il t'a fait sentir la faim

il t'a donné à manger la manne

pour te montrer que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais qu'il vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur

6,12-13 Garde-toi bien d'oublier le Seigneur...
C'est le Seigneur ton Dieu que tu craindras, c'est lui que tu serviras...
Pendant ce temps il ne mangea rien et il eut faim.

le diable lui dit alors : 'Si tu es le Fils de Dieu ordonne à cette pierre de se changer en pain.

Jésus répondit : "il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain."

Jésus lui répondit :
"il est écrit :
Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et ne serviras que lui seul."
 
17,1-7 Il n'y avait pas d'eau à boire pour le peuple. Le peuple querella Moïse...

Moïse leur dit ...
... Pourquoi mettez-vous le Seigneur à l'épreuve ? ...

On appela ce lieu Massa (épreuve) parce qu'ils avaient mis à l'épreuve le Seigneur en disant :
"Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ?"






6,16 "... Vous ne mettrez pas le Seigneur à l'épreuve comme vous l'avez fait à Massa"...






12 ... Jésus lui repondit :
"il est dit
tu ne mettras pas
à l'épreuve le Seigneur, ton Dieu."
 
extrait de Fondements bibliques pp 363-367
   la crainte du Malin dans le modèle apocalyptique  

Jésus se savait, comme Moïse et Élie autrefois, « envoyé/shaliah » par le Père pour cette réconciliation. Adepte du courant apocalyptique, il savait que le « Malin », inspirateur du doute puis de la rupture dans la première harmonie d'amour, pouvait aussi faire obstacle à celui que Dieu envoyait pour la rénover. C'est pourquoi les courants qui attendaient un Messie l'attendaient caché et ignoré de tous, même des anges (Jn 7,27). L'Évangile de Marc est jonché de cette défiance vis-à-vis du Satan. [...]

On dira que le Satan est une image ! Bien sûr, comment parler autrement qu'en images de réalités qui dépassent l'horizon de l'homme? Sauf à refuser Dieu - c'est le choix raisonnable de l'athée - les deux mondes de l'homme et de Dieu ne peuvent se rejoindre que dans le « troisième lieu » du symbole. Celui-ci peut être le mythe mais peut aussi trouver sa traduction en philosophie ou en psychanalyse, voire dans une histoire d'Alliance, ancienne ou nouvelle... etc. Dans la Bible ce « troisième lieu » n'est plus le seul reflet de l'imaginaire de l'Homme ou de son inconscient mais émane d'un mouvement de rencontre entre Dieu qui aime en se donnant et l'homme qui aime en donnant sa foi. Cette rencontre est donc toujours le reflet d'une expérience de foi et est modulable selon la teneur de cette foi.

En parlant de Satan, le courant apocalyptique traduisait une expérience de foi bien réelle. C'est cette expérience de foi - on pourrait la comparer à celle de certains courants satanistes aujourd'hui - qui avait amené les adeptes du courant apocalyptique à choisir, pour rendre compte du mal dans le monde, la voie d'une rupture de l'harmonie originelle par un refus à l'instigation de Satan. Le courant officiel s'y opposait: pour lui, le mal était inscrit par Dieu aussi bien dans la création que dans l'homme; de ce fait, l'homme ne pouvait en être totalement responsable et son péché n'avait pas pu hypothéquer l'Alliance au point qu'il faille attendre une nouvelle révélation pour la restaurer. Ce dernier courant deviendra majoritaire chez les rabbins après la chute du Temple. Au temps de Jésus les choix n'étaient pas encore faits.

   Originalité de Jésus  

Jésus emprunte le personnage de Satan au judaïsme apocalyptique de son temps pour transmettre sa propre expérience de Dieu. Il apporte toutefois sa note particulière à la conception du Satan de l'apocalyptique juive: Jésus se révèle comme Icône de Dieu. En incarnant Dieu sur cette terre, il en incarne aussi le combat contre Satan. Le « troisième lieu » est passé de l'au-delà du monde dans notre monde. Et cela est nouveau. Le Satan du livre de Job reste dans le ciel et mène depuis le ciel son combat (Jb 1).

À Qumran, tandis que l'Apocalypse du maître de justice révèle les croyants comme « fils de lumière » et les prêtres du Temple comme « fils des ténèbres » ou « fils du Diable », ce dernier reste au ciel. Avec Jésus le combat se joue entre l'Icône de Dieu Incarnée sur la terre et l'adversaire obligé de le retrouver sur le terrain de lutte où son partenaire est descendu. Ceci est nouveau. Nous sommes toujours dans un « troisième lieu » symbolique mais il s'est rapproché de l'homme avec l'Incarnation.

Les Évangiles décrivent cette expérience. Et l'on y voit Jésus qui, à la fois, se cache et chasse le Satan. Que Jésus chasse le Satan se conçoit bien. Mais pourquoi se cache-t- il? N'est-il pas assuré de la victoire? C'est toujours quand Jésus se manifeste aux siens qu'il leur recommande de se taire. C'est qu'il veut les protéger! Il sait que, chez les croyants, la sensibilité à l'au-delà, quand il s'incarne dans l'Icône, exacerbe aussi la fascination envers l'au-delà manifesté dans le mal. Cela se vérifie dans le monde de l'art où les deux « au-delà », celui du « beau » et celui du « disgusting/art dégoûtant », rivalisent en même temps et chez les mêmes artistes. C'est aussi l'expérience des mystiques confrontés tour à tour aux visions du ciel et à celles du Satan ou de l'enfer. Jésus veut qu'ils prennent du recul vis-à-vis et de l'un et de l'autre... Une modestie qui freine les enthousiasmes et permet le discernement.

(Les passages surlignés ne le sont pas dans le livre. Vous pouvez aussi consulter l'article complet)